Les maïs ont eu chaud ces dernières semaines. Un tour dans les parcelles permettra d’évaluer la situation et d’anticiper la date d’ensilage.
La climatologie de juillet a été sèche et chaude avec un pic de chaleur historique enregistré à plus de 40°C sur la région le 25 juillet dernier. S’en est suivi un épisode pluvieux qui n’a pas touché toute la France mais a apporté un peu de répit aux maïs du Nord éprouvés par une nouvelle semaine de températures caniculaires.
Figure 1 : Offre climatique – Mons en Chaussée (80)
Figure 2 : Offre climatique – Frignicourt (51)
Carte 1 : Cumul des pluies du 26 juillet au 28 juillet 2019
Pour la Normandie, les températures sont montées dans tous les départements. Seule la Manche est restée en dessous des 40 °C. L’épisode pluvieux a été inégalement réparti sur les territoires en fonction de l’activité orageuse, et des situations diverses sont présentes en plaine.
Figure 3 : Offre climatique – Caen – Carpiquet (14)
Quelles observations effectuer ?
Une première observation sera de confirmer que toutes les plantes portent bien au minimum un épi.
Pour les floraisons de deuxième et troisième décades de juillet, il est encore un peu tôt pour évaluer le nombre de grains/épi ; il peut être difficile de différencier les grains viables qui pourront se remplir des grains fécondés mais qui pourraient encore avorter jusqu’au SLAG (Stade Limite d’Avortement des Grains). Il intervient 2 à 3 semaines après la floraison.
Les observations se porteront aussi sur l’appareil végétatif et plus particulièrement la couleur des feuilles du haut de la plante, de la feuille de l’épi et des feuilles du bas de la plante. Dans certaines situations (comme sur nos essais à Estrées-Mons, photo 1), les feuilles du bas commencent à se dessécher par effet de déshydratation, des températures élevées prolongées et de remobilisation des assimilats pour soutenir la survie des organes plus jeunes.
Photo 1 : dessèchement des feuilles du bas
Favorisés par les températures chaudes, des dégâts de cicadelles sont également bien présents sur les feuilles basses, parfois même jusqu’à la feuille de l’épi.
Le manque d’eau pénalise l’absorption d’azote et des symptômes de carences sont observés ainsi qu’un gabarit parfois très court des maïs (les semis tardifs sont encore plus touchés car ne bénéficient pas d’un système racinaire développé).
Quand prévoir d’ensiler ?
Depuis le 18 juillet, les fortes températures ont accéléré les prévisions de date de récolte maïs fourrage. En moyenne, les dates se sont précocifiées de 2 à 4 jours (tableau 1)
Tableau 1 : Prévision des dates de récolte en fonction de la date de floraison et de la précocité – Hauts de France
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Tableau 2 : Prévision des dates de récolte en fonction de la date de floraison et de la précocité – Champagne-Ardenne
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Tableau 3 : Prévision des dates de récolte en fonction de la date de floraison et de la précocité – Normandie
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En conditions de fortes températures et de pluviométrie limitée, le cumul de température n’est pas le seul indicateur de l’évolution de la maturité des plantes. C’est pourquoi il est important de regarder le remplissage des grains et l’état de l’appareil végétatif.
Trois situations possibles
SITUATION N°1
Les plantes comportent des feuilles vertes au-dessus de l’épi, au niveau de l’épi et sous l’épi : il convient d’attendre en suivant le remplissage des grains et on prend la décision d’ensiler en fonction de la grille d’appréciation du taux de matière sèche plante entière par l’observation des grains.
Téléchargez la grille « Appréciation du taux de matière sèche plante entière par l’observation des grains ».
Néanmoins, les feuilles de ces maïs peuvent s’enrouler sur elles-mêmes (dites en forme de baïonnette). Il s’agit d’une réaction naturelle de la plante pour économiser l’eau par fermeture des stomates. La plante limite son évapotranspiration et son fonctionnement est ralenti.
SITUATION N°2
Les plantes comportent des feuilles vertes au-dessus de l’épi mais sèches en dessous de l’épi. Tant qu’il reste des feuilles vertes sur le haut de la plante, celle-ci pourra, en cas de retour de pluie, reprendre son fonctionnement normal et produira à nouveau, par photosynthèse, des sucres qui serviront à remplir les grains.
Pour prendre la décision d’ensiler ou non, il est essentiel de définir le stade des grains. Pour cela, il faut ouvrir les épis et observer le remplissage des grains par les 3 amidons laiteux, pâteux et vitreux sur une couronne centrale (figure 2).
Figure 2 : Observation des trois amidons du maïs
Ensuite, il faut définir le nombre de grains/m² :
– Se mettre dans un endroit représentatif de la parcelle. Vérifier l’écartement entre les rangs de maïs.
– Compter le nombre d’épis/m² sur au moins 3 fois 10 m linéaires. Un épi contient au moins 70 grains.
– Compter le nombre de grains/épi (= nombre de rangs x nombre de grains par rang) sur au moins 3 fois 20 épis successifs.
– Calculer le nombre de grains/m² : nombre épis/m² x nombre grains/épi.
Une fois le stade et le nombre de grains définis, définir la conduite à tenir (tableaux 2 à 4)
Tableaux 2 à 4 : Conduite à tenir selon le stade du maïs
SITUATION N°3
Les maïs ne comportent plus de feuilles vertes. Avec ou sans grains, il n’y a rien à attendre de plus de la culture. La récolte devrait être immédiate mais les conditions de réussite de l’ensilage ne sont pas réunies. Privilégiez une consommation en vert si cela est possible.