Avec les conditions de semis très variables du nord au sud de la France en 2018, une attention particulière doit être portée cette année à la date de floraison des maïs.
La floraison, correspondant à la sortie des soies, est le premier indicateur de la précocité de la culture. Connaître la date de floraison permet d’anticiper la date de récolte des maïs fourrage et récolter au bon stade.
De grandes disparités régionales et intrarégionales
En fonction de la date de semis et des conditions de températures, les dates de floraison seront décalées – en avance ou en retard – par rapport à la normale dans plusieurs régions françaises.
Dans le nord-est de la France, les floraisons seront significativement en avance : de 5 à 10 jours en Champagne-Ardenne et de plus de 10 jours en Alsace et en Lorraine. Cela laisse entrevoir des récoltes de maïs fourrage précoces, à l’image de 2017, sous réserves des conditions météo estivales et automnales.
Dans le Sud-Ouest, les conditions pluvieuses de ce printemps ont grandement perturbé les semis de maïs. On observe aujourd’hui des retards en végétation liés aux dates de semis. Les floraisons seront plus tardives que la normale, de 8 à 12 jours, voire plus. Les dates de récolte seront décalées de 10 à 20 jours a minima.
Les maïs du Grand Ouest se trouvent, en moyenne, en situation assez proche de la normale, légèrement en retard en Normandie et dans le bocage angevin, sans qu’on puisse conclure à ce jour sur la période de récolte.
Quelle que soit la région, il existe une diversité intrarégionale des dates de semis d’autant plus importante que la pluie a perturbé les chantiers d’implantation.
Cela veut dire qu’il faut visiter les parcelles au moment de la floraison pour en connaître la date précise. Le rendement et la qualité du produit récolté en dépendent.
Pour bien repérer la floraison femelle, voici une vidéo « time-lapse » qui permet de voir, en accéléré, la sortie des soies sur un futur épi.
Estimer dès à présent la date d’ensilage
Le stade optimal de récolte des maïs fourrage se situe à 32-33 % de matière sèche (mS) de la plante entière. Récolter à moins de 30 % MS, c’est limiter le rendement et risquer des pertes de sucres au silo par écoulement de jus. Récolter à plus de 35 % MS, c’est risquer d’altérer la qualité de conservation de l’ensilage et réduire la digestibilité des deux parties de la plante (amidon et tiges + feuilles). Dans les deux cas – moins de 30 % et plus de 35 % – la valeur alimentaire n’est pas à l’optimum.
A partir de la floraison, il faut entre 550 et 700 degrés-jour (base 6-30°C), selon la précocité de la variété, pour atteindre le stade optimal de récolte plante entière… soit 45 à 70 jours selon les régions et le climat.
Des outils d’aide à la décision permettent à l’éleveur de mieux cibler sa date de récolte. Ces outils se basent sur le cumul de températures à partir de la floraison femelle.
Taméo par exemple, OAD proposé par ARVALIS et Météo-France, prédit la date de récolte à la parcelle, en fonction des données saisies par l’agriculteur (commune, variétés, date de semis) et des données météo. En saisissant dans l’application la date de floraison réelle, l’agriculteur améliore la précision du calcul.
Deux exemples de prévision par Taméo® pour une variété précoce
Semée le 19 avril 2018 à Estrées-Mons (80)
Semée le 9 mai 2018 à Bignan (56)
Michel MOQUET (ARVALIS – Institut du végétal)