A partir de début avril, quand les parcelles sont prêtes et que la météo est favorable, se pose légitimement la question de la date de début des semis de maïs. Les essais réalisés par ARVALIS confirment l’intérêt des semis précoces réalisés à partir de la mi-avril dans l’ouest de la France. Ils montrent également les risques encourus sur les semis encore plus précoces dans ces régions.
Intérêts et limites des semis précoces
L’enjeu d’un semis précoce, c’est d’abord la mise en place précoce d’une surface foliaire, capable d’intercepter le rayonnement des jours longs de la fin juin et début juillet, ceci afin de maximiser la photosynthèse. L’offre en températures plus importante en semis précoce permet de sécuriser la date de récolte, voire de valoriser une variété un peu plus tardive pour bénéficier d’un potentiel de rendement supérieur.
L’autre atout d’un semis précoce, c’est une floraison plus précoce qui peut permettre l’esquive d’un stress hydrique estival, même si cela n’est pas observé systématiquement.
Côté risque, le gel est souvent évoqué pour les semis précoces, mais ce n’est pas le principal facteur limitant aujourd’hui. Avec le réchauffement climatique observé depuis 25 ans, un semis de mi-avril en 2019 n’est pas plus exposé au risque de gel qu’un semis de début mai dans les années 80. La survenue d’une période froide et humide juste après le semis est un des risques majeurs en semis précoces. Ces conditions difficiles entraînent une durée de levée très longue et exposent le maïs aux problèmes agronomiques (battance des sols, reprise en masse du lit de semence), voire aux attaques de ravageurs dans sa phase d’installation. Ce qui peut se traduire par un défaut de peuplement, très préjudiciable au maïs.
L’allongement du cycle profite surtout à la production de grains
Des essais récents réalisés en Bretagne et en Picardie par ARVALIS – Institut du végétal ont permis de préciser les enjeux liés à la date de semis. En maïs fourrage et en bonne situation agronomique, on enregistre en moyenne une légère baisse de rendement (-3 %) sur les semis précoces de la première décade d’avril, par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec une plus grande variabilité interannuelle. La valeur alimentaire des maïs fourrage est globalement identique sur les semis d’avril, mais elle chute sur les semis du mois de mai.
En maïs grain, les résultats sont un peu différents de ceux obtenus en maïs fourrage. En moyenne les semis très précoces de début avril apportent un faible gain de rendement (de l’ordre de +2 %) par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec toutefois une plus grande variabilité interannuelle. Sur les semis de mai, les rendements observés en maïs grain décrochent davantage (-10 %) qu’en maïs fourrage.
Ce comportement différent entre maïs fourrage et maïs grain s’explique par le fait que les surfaces foliaires et les gabarits de plantes sont plus courts en semis précoces, en lien avec des conditions plus froides. La photosynthèse est réduite et la production de biomasse plante entière est affectée. Cependant la production de grains profite malgré tout de l’allongement du cycle permis par les semis précoces.
Figure 1 : Incidence de la date de semis sur le rendement du maïs grain et du maïs fourrage
8 essais réalisés en Bretagne et Picardie (2011 – 2014)
En maïs fourrage, les semis à partir du 15 avril offrent les meilleures garanties. En maïs grain, les semis de début avril sont légèrement supérieurs, mais avec une plus grande variabilité de réponse.
Le risque de dégâts de ravageurs est-il plus important en semis précoce ?
RISQUE TAUPINS : PROTÉGER LES PARCELLES HISTORIQUEMENT ATTAQUÉES OU LES PRÉCÉDENTS PRAIRIES
Concernant le risque taupins, les conditions de l’automne et de l’hiver ont été favorables à leur activité, comme en témoignent les fréquents dégâts observés sur céréales, notamment en Bretagne. Cela ne présage pas forcément de l’activité qui sera observée sur les parcelles de maïs habitées par des larves de taupins, liée essentiellement aux conditions climatiques post semis. Le raisonnement est inchangé : il faut protéger en priorité les parcelles où des dégâts ont été observés les années passées et les précédents à risque (type prairies). En cas de présence de taupins, le levier date de semis ne peut à lui seul esquiver le risque. En règle générale, l’activité des larves de taupins devient importante quand le sol se réchauffe. On constate alors les premiers dégâts dans les parcelles infestées et non protégées. Le stade du maïs (et donc sa date de semis) serait plutôt un avantage pour limiter les dégâts, les plantes plus développées étant plus difficiles à détruire…
RISQUE GÉOMYZE : PAS D’EFFET DATE DE SEMIS
Concernant les mouches oscinies et géomyzes, il faut d’abord rappeler l’absence de solution de lutte contre ces deux ravageurs depuis le retrait d’AMM du traitement de semences Sonido. L’hiver a été doux, mais moins chaud que l’hiver 2015/2016, précédant la campagne où de forts dégâts de géomyze avaient été observés. Par ailleurs, l’été 2018 semble avoir été moins favorable à la constitution des stocks qu’en 2015.
A ce jour, les paramètres climatiques indiqueraient plutôt une année à risque moyen, mais il faudra suivre aussi les conditions autour de la période de semis. Concernant la date de semis, l’étude réalisée en 2016 ne faisait pas ressortir ce facteur comme un élément de risque pour la géomyze. Des dégâts avaient été observés sur une large plage de pratiques.