Les conditions sèches et fraîches qui prévalent depuis deux semaines sur le territoire sont défavorables au développement des principales maladies foliaires des blés. Pour les blés qui sont à 2 nœuds, l’impasse du premier traitement fongicide est possible cette année, sauf en cas de présence de rouille jaune et d’oïdium sur variétés sensibles.
Les conditions climatiques de cette campagne rappellent celle de 2010/2011 marquée par une sécheresse printanière important (figure 1).
Figure 1 : Positionnement de l’année sur un référentiel depuis 1996, en fonction des températures et précipitations enregistrées entre le 10 mars et le 24 avril (pour 60 stations météo)
La nuisibilité des maladies foliaires sur blé tendre enregistrée en 2011 était, en moyenne France, de l’ordre de 8 q/ha, pour des variations selon les régions et les variétés allant de 0 à 15 q/ha.
En 2017, les conditions sèches maintiennent une pression fongique modérée depuis fin mars. Même si l’inoculum est bien présent, le vent frais et séchant venu du Nord rallonge considérablement les cycles d’incubation des champignons.
Actuellement, les maladies se maintiennent généralement sur les étages inférieurs. Rappelons qu’une protection est efficace quand les dernières feuilles sorties sont préservées puisque ce sont elles qui permettent l’essentiel du remplissage du grain.
La septoriose se cantonne pour l’instant aux feuilles basses. L’absence de pluie ne lui a pas permis de grimper pendant la montaison et d’atteindre les étages foliaires supérieurs.
De même, la rouille brune n’est pas présente pour le moment. Son évolution est retardée par les températures nocturnes fraîches.
Attention par contre à la rouille jaune qui s’est développée rapidement ces dernières semaines dans les situations habituelles (variétés sensibles, façade Nord-Ouest). Pour cette maladie, les sensibilités variétales peuvent évoluer rapidement d’une campagne à l’autre ; il est important de visiter régulièrement les parcelles à risque.
Quand traiter cette année ?
Vis-à-vis de la septoriose, tant que le temps est sec, retarder le plus possible le T1 voire attendre que la dernière feuille soit complètement étalée pour traiter avec le produit qui était prévu pour le T2.
Pour les variétés sensibles à la septoriose (note < 5), un traitement T1 à petite dose pourra s’envisager si des pluies significatives (> 5 mm) interviennent dans les jours à venir.
Pour les variétés moyennement sensibles (note 5 à 6) ou résistantes, la protection pourrait se résumer à un seul traitement à DFE si le temps reste plutôt sec, indépendamment du risque fusariose sur épi.
Sur rouille brune, il ne sera pas utile de déclencher une intervention avant le stade épiaison. Le développement de la maladie n’étant pas prévu avant.
Attention, au stade DFE, malgré le contexte défavorable pour le moment, les doses ne doivent pas être trop faibles car de ces doses dépend la persistance de la protection. Une apparition tardive des maladies ne signifie pas une faible nuisibilité. Tout dépendra maintenant du climat des deux mois à venir.
En cas de présence de foyer de rouille jaune, il est par contre urgent d’intervenir. La maladie peut se développer rapidement. Surtout sur les variété sensibles (note < 7).
Gilles COULEAUD, Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)
Mots-clés: