ARVALIS – Institut du végétal a conduit un essai de nettoyage d’un lot de blé tendre infesté en charançons sur la PlateForme Métiers du Grain. Les résultats confirment l’efficacité de cette technique sur les formes adultes et l’intérêt de l’optimiser pour assurer l’accès au marché tout en maîtrisant les freintes occasionnées.
Le nettoyage des lots présente un intérêt pour accéder aux différents marchés. Dans le cadre des échanges commerciaux, les contrats fixent en effet une absence d’insectes vivants. Le nettoyage peut permettre de réduire le niveau d’infestation en dessous du seuil de détection à deux insectes par kilogramme de grains.
Deux types de nettoyage pour deux débits de manutention
Afin de se positionner dans le cas d’un contrat à respecter après un traitement insecticide, des lots de 10 tonnes de blé tendre infestées à hauteur de 50 charançons du riz morts par kilogramme ont été nettoyés.
Un nettoyeur-séparateur plan a été utilisé. Ce matériel comprend une aspiration en entrée et en sortie, qui permet d’éliminer les particules légères (poussières, balles…) et un tamisage qui sépare le bon grain des gros déchets et des petits grains (grains brisés, graines d’adventices…). Deux types de nettoyages ont été menés, à deux débits : un travail de nettoyage-séparation (avec criblage) et un travail de pré-nettoyage (aspiration, émottage, absence de criblage), à 20 et 40 t/h (soit 40 et 80 % du débit nominal). Les taux d’abattement en insectes et les freintes engendrées ont été suivis.
Un rôle prédominant de l’aspiration
Seul le nettoyage à 40 % du débit nominal a permis d’obtenir un taux d’abattement de 100 %, permettant ainsi de passer sous le seuil de détection de 2 insectes/kg. Augmenter le débit de manutention à 80 % fait chuter l’efficacité du nettoyage de 10 %. Le pré-nettoyage offre un niveau d’efficacité bien moindre qu’un nettoyage au même débit, avec des taux d’abattement en insectes libres de 85 % et 32 % à 20 et 40 t/h, respectivement. L’efficacité du nettoyage due à l’aspiration s’obtient par comparaison entre le taux d’abattement d’un nettoyage et d’un pré-nettoyage au même débit. Ainsi à 20 t/h l’efficacité du nettoyage sur l’abattement des populations d’insectes morts est due à 85 % à l’aspiration.
Des freintes à maîtriser
Les taux de freintes obtenus vont de 0,16 % à 1,07 %. Ces pertes de matière augmentent avec le taux d’abattement des insectes, reflétant par ailleurs la qualité du nettoyage. Un nettoyage à 40 t/h causera moins de pertes en grain qu’un nettoyage à 20 t/h car le criblage sera moins efficace. Pour un même débit, le nettoyage causera des freintes supérieures à un pré-nettoyage. Un compromis est donc à trouver entre ces deux paramètres. Ainsi, pour une efficacité quasiment équivalente (de l’ordre de 85 %), le pré-nettoyage à 20 t/h sera à privilégier par rapport à un nettoyage à 40 t/h car les freintes seront deux fois moins importantes (0,57 % contre 0,22 %).
Nettoyage des grains : un moyen pour maîtriser les infestations ?
Le nettoyage au nettoyeur-séparateur d’un lot de blé contaminé par des charançons du riz morts s’est avéré efficace à 100 %. D’après la bibliographie, l’effet de ce type de nettoyage est nul sur les formes cachées. Ainsi, ce procédé resterait une démarche « esthétique » permettant au lot de respecter les critères commerciaux mais n’entraverait pas durablement le niveau d’infestation d’un lot peuplé de charançons vivants. De futurs essais à la PFMG permettront d’évaluer la sensibilité au nettoyage des formes cachées.
Pour en savoir plus, téléchargez la lettre Stock@ge n°4.
Nicolas BAREIL, Amandine BONNERY (ARVALIS – Institut du végétal)
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