La contamination des grains par le déoxynivalénol (DON) s’effectue au champ. En post-récolte, la seule solution disponible pour les organismes stockeurs (OS) pour réduire la teneur en DON des céréales est le nettoyage.
Le déoxynivalénol est un métabolite produit par Fusarium graminearum, un champignon communément retrouvé dans la flore fongique présente sur les grains au champ. La présence deFusarium graminearum dépend étroitement des conditions climatiques en cours de culture. Lorsque celles-ci lui ont été favorables, les blés présentent à la récolte des teneurs en DON qui parfois dépassent les seuils règlementaires imposés par le règlement (UE) 1881/2006.
La réglementation interdit par ailleurs tout traitement de décontamination, ainsi que le mélange de lots ayant pour objectif de rendre réglementaire un lot qui ne le serait pas. Le seul levier utilisable pour l’organisme stockeur est donc le nettoyage des lots contaminés.
Le nettoyage réduit la contamination jusqu’à 40 %
De nombreux essais ont permis de montrer l’efficacité du nettoyage pour réduire la contamination d’un lot de blé contaminé par du DON (Kushiro, 2008). En particulier, une étude réalisée par ARVALIS-Institut du végétal, dans deux silos et sur des nettoyeurs séparateurs d’OS, a montré une diminution de la teneur en DON de 40 % des échantillons prélevés avant et après nettoyage et ce quelle que soit la teneur initiale de contamination (figure 1).
L’analyse des différentes issues de nettoyage a révélé une forte concentration de DON dans la fraction « mi-lourds » regroupant des balles, des débris de grains ou des grains fusariés et dans la fraction « poussières ». Ceci illustre une répartition non homogène du fusarium et de DON dans le lot et sur le grain et explique les mécanismes d’action du nettoyage.
Figure 1 : Relation entre teneurs en DON des échantillons prélevés avant et après nettoyage
La littérature scientifique confirme l’efficacité du nettoyage, avec toutefois une variabilité quant au niveau d’abattement observé : celui-ci va, selon les études, de 6 % à 80 %. Une partie de cette variabilité peut être attribuée aux modalités de nettoyage (type de nettoyeurs, débit de travail…), mais il n’est pas exclu que d’autres facteurs, liés au champignon et à son développement sur et dans le grain, expliquent aussi cette variabilité.
Optimiser le réglage du nettoyeur
Néanmoins, quel que soit le niveau d’abattement observé, l’efficacité du nettoyage est toujours due à sa capacité à extraire les fractions les plus légères (balles, grains fusariés…) qui se trouvent être les plus contaminées.
Avec un nettoyeur-séparateur, il faut donc privilégier le nettoyage réalisé par l’aspiration. Le rideau de grain doit être le plus régulier possible et pas trop épais pour favoriser l’aspiration. Travailler à débit réduit par rapport au débit nominal permet de réduire l’épaisseur du tapis de grains. On peut également agir sur le débit d’air. Pour réduire efficacement la teneur en DON d’un lot de blé, il faut accepter de perdre quelques bons grains dans les fractions aspirées…Optimiser le nettoyage, c’est donc trouver le bon compromis entre réduction de teneur en DON, freintes et vitesse de travail !
Références :
Gourdain E., Le Bras A, 2009. Le nettoyage : dernier levier pour maîtriser le risque sanitaire. Perspectives Agricoles n°358.
Kushiro M., 2008. Effects of milling and cooking processes on the DON content in wheat. Int. J. Mol. Sci, 2008,9, 2127-215.
Katell CREPON (ARVALIS – Institut du végétal)
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