Face à un automne et un début d’hiver doux, le développement massif d’insectes est à craindre dans les stocks de grains. Il est important de redoubler de vigilance pour cette campagne et celle à venir.
Compte tenu des reports de stocks annoncés en fin de campagne, la sanitation des silos risque d’être partiellement réalisée, entraînant un risque élevé de maintien des populations d’insectes pour la prochaine récolte. La vigilance s’articule autour de trois étapes : refroidir, surveiller et traiter si besoin.
1/ Limiter au maximum le développement des insectes en diminuant la température des stocks à 10°C
Plus que jamais, une gestion rigoureuse de la ventilation est nécessaire cet hiver. Objectif : refroidir la totalité des lots à au moins 10°C.
Les régions océaniques seront d’autant plus concernées qu’en temps normal, un déficit en températures disponibles est constaté (figure 1). La ventilation de refroidissement oblige à un niveau élevé de surveillance des températures de l’air ambiant et de celles du grain. L’utilisation d’un thermostat est fortement conseillée pour profiter de toutes les heures de températures efficaces pour le refroidissement. L’outil Sec-LIS permet d’automatiser cette ventilation de refroidissement.
Figure 1 : Nombre de cellules refroidies à 12°C en fonction de l’offre climatique (analyse fréquentielle sur 20 ans) et du débit spécifique du ventilateur
En 2014, ARVALIS – Institut du végétal a étudié 20 années de données météorologiques (source Météo France) à l’échelle nationale. Leur exploitation a permis de calculer le nombre d’heures de températures disponibles pour le refroidissement à 12°C. Il s’avère que l’offre climatique est limitée dans les régions du Sud-Est. Dans ces zones, il n’est possible de refroidir qu’1 à 2 cellules pour ce deuxième palier, contrairement aux autres régions où le nombre de cellules est supérieur à 2, voire à 5 pour la moitié nord de la France.
2/ Surveiller les infestations au printemps
La présence d’insectes est également à surveiller pour pouvoir agir au plus tôt. Elle peut être suivie soit par la pose de pièges, soit par la prise d’échantillons, positionnés dans des zones à « fort risque ». Ces zones se situent au niveau de la colonne centrale et des bords de cellule et, pour les stockages à plat, au niveau de la zone de déversement des grains.
Deux types de pièges sont disponibles pour les insectes non-volants : les pièges en pomme d’arrosoir et les pièges en tubes perforés. Ces pièges sont sans appât, les insectes circulant sur le grain tombent dedans et ne peuvent pas en sortir. Si les pièges en pomme d’arrosoir doivent être positionnés à la surface du grain, ceux en tubes perforés doivent être enfoncés dans le tas de grain, le haut du piège se retrouvant à environ 10 cm en dessous de la surface.
3/ Traiter si une infestation est observée
Dès la détection d’insectes dans le stock, le grain doit être traité :
• Par un traitement phytosanitaire sur grains, si le contrat de vente ne l’exclut pas. Attention à respecter les conditions d’applications des produits. Privilégier les traitements appliqués à pleine dose.
• Par la fumigation, réalisable uniquement par des entreprises spécialisées agréées par le Service de la protection des végétaux et dans des silos étanches. Elle présente l’avantage de tuer les larves à l’intérieur des graines et de ne pas laisser de résidus sur le grain, contrairement à des produits de contact.
• Par la chaleur, cette technique, appelée thermo-désinsectisation, peut être pratiquée en passant les lots de blé dans un séchoir. La température du grain doit atteindre 55°C pendant environ 1h30 (variable selon les séchoirs) pour obtenir une mortalité totale des insectes adultes et de leurs larves.
Amandine BONNERY (ARVALIS – Institut du végétal)
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