Orges d’hiver : choix variétal, la palette s’élargit

Le marché brassicole est centré sur un nombre restreint de variétés et ne retient qu’une nouveauté, en cours de validation technologique, alors que le marché fourrager est basé sur une palette variétale large. Le point sur les références et les nouveautés.

Pour les deux grands débouchés de l’orge, le marché brassicole et l’alimentation animale, le débouché visé est le premier critère de choix d’une variété d’orge. Ensuite, les exigences sont identiques : un rendement élevé, un bon poids spécifique (PS), de bonnes valeurs agronomiques comme la tolérance à la verse ou aux maladies. S’ajoutent à ces critères des exigences spécifiques au débouché brassicole, à savoir une bonne aptitude au maltage et brassage.


Tableau 1 : Liste des variétés d’orge d’hiver préférées des malteurs et brasseurs de France (récolte 2017)

Pixel, seule nouveauté retenue par les malteurs

Pour le marché brassicole (figure 1), Etincel et Isocel sont les plus productives. La perte de rendement en l’absence de traitement fongicide est moyenne (15 q/ha). Ces variétés sont assez sensibles à la verse et à la rhynchosporiose et peu sensibles à assez tolérantes vis-à-vis des autres maladies. Leur PS est bon.
Figure 1 : Rendement en conduite traitée dans la moitié nord de la France des variétés d’orge d’hiver à deux rangs inscrites en 2016, exprimé en % des variétés présentes 3 ans

Source : CTPS/GEVES en 2014 et 2015, ARVALIS – Institut du végétal en 2016

Casino et Passerel produisent, en moyenne sur cinq ans en post-inscription, environ 5 % de moins qu’Etincel. Passerel est sensible aux maladies, avec une perte moyenne en l’absence de fongicides de 18 q/ha, tandis que Casino est moyennement sensible.

Autre variété préférée des malteurs, Salamandre : elle est plus en retrait sur le plan de la productivité, mais est globalement peu sensible aux maladies (12-13 q/ha de perte moyenne en situation non traitée). Son PS est très bon.

Chrono, variété à 2 rangs en observation commerciale, a été testée un an en post-inscription. Elle présente la particularité d’être tolérante à la mosaïque jaune de l’orge de type Y2. En moyenne sur trois ans, son rendement est équivalent à celui de Salamandre. Elle est également globalement peu sensible aux maladies.

Habituellement, le calibrage des orges à 6 rangs, ou escourgeons, (Etincel, Isocel, Casino…) est bon, même s’il est inférieur de quelques points à celui de Salamandre, orge à 2 rangs. Cependant, l’année 2016, particulière avec son climat très défavorable en fin de cycle, a davantage pénalisé les orges à 6 rangs que les orges à 2 rangs (environ 20 points de différence de calibrage en moyenne).

Cette année, Pixel, variété précoce à 6 rangs, est la seule nouveauté ayant retenu l’attention des malteurs. Elle est en « cours de validation technologique ». Sur les deux ans d’essais pour l’inscription, sa productivité moyenne est équivalente à celle d’Etincel. Elle est assez sensible à la verse, à la rhynchosporiose et à l’helminthosporiose ; en revanche, elle est assez résistante à la rouille naine et à l’oïdium. La nuisibilité globale des maladies est moyenne.

Cinq orges fourragères tolérantes à la JNO ou à la mosaïque Y2

Pour le marché fourrager (figure 2), une palette assez large de variétés est actuellement évaluée : des orges à 2 et 6 rangs et des hybrides. Les variétés Etincel et Isocel sont adaptées à ce débouché du fait de leur potentiel de rendement élevé. D’autres variétés testées plusieurs années en post-inscription dans le réseau animé par ARVALIS – Institut du végétal ont également démontré leur intérêt.
Figure 2 : Rendement en conduite traitée des orges d’hiver à deux rangs, exprimés en % de la moyenne des témoins

Source : CTPS/GEVES

Ainsi, les orges à 2 rangs KWS Cassia et Augusta ont de bons niveaux de résistance aux maladies foliaires, avec une perte moyenne de 11 q/ha en l’absence de protection fongicide, une tenue de tige dans la moyenne et de très bons PS. Calypso est moyennement sensible aux maladies.

Maltesse et KWS Orwell apportent un gain de productivité. Maltesse est sensible aux maladies, en particulier à la rouille naine, assez tolérante à la verse et a un très bon PS. KWS Orwell est assez tolérante à la rhynchosporiose et à l’helminthosporiose mais elle est sensible à l’oïdium. Sa perte de rendement est moyenne en l’absence de protection fongicide (environ 15 q/ha).

Les escourgeons KWS Tonic et Detroit sont un peu plus productifs qu’Etincel. KWS Tonic est assez tolérant à la verse mais assez sensible aux maladies, et son PS est faible. Detroit est peu sensible aux maladies, a un bon PS, mais est assez sensible à la verse.

AmistarDomino et Rafaela sont tolérantes à la JNO (Jaunisse Nanisante de l’Orge) et leur potentiel de rendement est proche de celui d’Etincel. Amistar est précoce, moyennement sensible à la verse, mais très sensible à l’oïdium et à la rouille naine. Sa perte de rendement en l’absence de fongicide est moyenne, d’environ 16 q/ha. Son PS est très bon. Domino a un assez bon comportement vis-à-vis des maladies : la variété perd environ 13 q/ha en l’absence de protection fongicide. Elle est assez sensible à la verse et son PS est moyen. Rafaela est une variété du catalogue européen très précoce.

Les deux escourgeons Joker et Jenny sont tolérants à la mosaïque jaune de l’orge de type Y2 mais ils sont un peu moins productifs qu’Etincel. Ils sont assez sensibles aux maladies avec une perte moyenne en l’absence de protection fongicide de 19 q/ha pour Joker et 16 q/ha pour Jenny. Leur PS est faible. Joker est assez tolérant à la verse et Jenny est dans la moyenne.

Des nouveautés fourragères prometteuses

Les variétés suivantes ont été inscrites au catalogue français début 2017 après deux années d’essais en inscription (figure 3).
Figure 3 : Rendement de la moitié nord de la France (zone brassicole) en conduite traitée des escourgeons inscrits en 2017, exprimé en % de la moyenne des témoins

Source : CTPS/GEVES

L’escourgeon KWS Akkord est une nouveauté demi-précoce très productive, avec une tenue de tige dans la moyenne et un bon PS. Il est assez résistant à l’helminthosporiose et assez sensible à la rouille naine.

LG Casting, variété demi-précoce à 2 rangs, apporte un gain de rendement significatif par rapport aux références. Elle a une tenue de tige dans la moyenne et un bon PS. Elle est notée peu sensible aux différentes maladies aériennes, et sa perte de rendement en l’absence de fongicides est dans la moyenne.

Les autres nouveautés à 2 rangs, Memento et Sobell, sont également plus productives que les témoins Augusta et KWS Cassia, tandis que Minelli est équivalente. Memento, Minelli et Sobell ont de bons niveaux de résistance aux maladies foliaires, avec une perte de rendement en l’absence de protection fongicide au niveau de celle de KWS Cassia. Memento est demi-tardive à demi-précoce, avec une tenue de tige dans la moyenne et un très bon PS. Minelli est précoce, assez tolérante à la verse, avec un bon PS. Sobell est précoce, avec une tenue de tige et un PS dans la moyenne.

Tenir compte du surcoût à l’achat des hybrides

La gamme des hybrides continue à se renouveler rapidement (figure 4). Testés deux ou trois ans en post-inscription, Mangoo et Tektoo produisent en moyenne 3 % de plus qu’Etincel, et Goody, 1 % de plus. Toutefois, l’écart de rendement nécessaire pour compenser le surcoût des semences hybrides est compris entre 5 et 9 q/ha (pour une collecte à 140 €/t).
Figure 4 : Rendement en conduite traitée dans la moitié nord de la France des escourgeons inscrits en 2016, exprimé en % des variétés présentes 3 ans

Source : CTPS/GEVES en 2014 et 2015, ARVALIS – Institut du végétal en 2016


Téléchargez le tableau des cotations et les résultats de rendement des variétés actuellement disponibles au catalogue français : 
– en orges d’hiver.



Isabelle CHAILLET (ARVALIS – Institut du végétal)

 

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