A partir de début avril, quand les parcelles sont prêtes et que la météo est favorable, se pose légitimement la question de la date de début des semis de maïs. Nos essais confirment l’intérêt des semis réalisés à partir de mi-avril dans l’ouest de la France. Ils montrent également les risques encourus sur des semis très précoces dans ces régions.
Semis précoces : des avantages et des limites
L’intérêt d’un semis précoce, c’est d’abord la mise en place précoce d’une surface foliaire capable d’intercepter le rayonnement des jours longs, à la fin du mois de juin et au mois de juillet, pour maximiser la photosynthèse. L’offre en températures plus importante en semis précoce permet de sécuriser la date de récolte, voire de valoriser une variété un peu plus tardive pour bénéficier d’un potentiel de rendement supérieur. L’autre atout d’un semis précoce, c’est une floraison plus précoce qui peut permettre l’esquive d’un stress hydrique estival, même si cela n’est pas observé systématiquement.
Côté risque, le gel est souvent évoqué, mais ce n’est pas le principal facteur limitant aujourd’hui. En effet, avec le réchauffement climatique observé depuis 25 ans, un semis de mi-avril en 2020 n’est pas plus exposé au risque de gel qu’un semis de début mai dans les années 90. Par contre, l’arrivée d’une période froide et humide juste après le semis est un des risques majeurs en semis précoces. Ces conditions difficiles entraînent une durée de levée très longue et exposent le maïs aux problèmes agronomiques (battance des sols, reprise en masse du lit de semence) et aux attaques de ravageurs dans sa phase d’installation. Ce qui peut se traduire par un défaut de peuplement, très préjudiciable au maïs
Tableau 1 : Incidence de la date de semis sur les stades du maïs (exemple à Pontivy, 1999 – 2019)
Tableau 2 : Incidence de la date de semis sur les stades du maïs (exemple à Vire, 1999 – 2019)
Tableau 3 : Incidence de la date de semis sur les stades du maïs (exemple à Laval, 1999 – 2019)
L’allongement du cycle profite surtout à la production de grains
Des essais récents réalisés en Bretagne et en Picardie par ARVALIS ont permis de confirmer les enjeux liés à la date de semis.
En maïs fourrage et en bonne situation agronomique, on enregistre en moyenne une légère baisse de rendement (- 3 %) sur les semis précoces de la première décade d’avril, par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec une plus grande variabilité interannuelle. La valeur alimentaire des maïs fourrages est globalement identique sur les semis d’avril, mais elle chute sur les semis de mai.
En maïs grain, les résultats sont un peu différents : les semis très précoces de début avril apportent en moyenne un faible gain de rendement (de l’ordre de + 2 %) par rapport aux semis de la deuxième quinzaine d’avril, avec toutefois une plus grande variabilité interannuelle. Sur les semis de mai, les rendements observés en maïs grain décrochent plus (- 10 %) qu’en maïs fourrage.
Ce comportement différent à la date de semis entre maïs fourrage et maïs grain s’explique par le fait que les surfaces foliaires et les gabarits de plantes sont plus courts en semis précoces. Ceci est dû aux conditions plus froides que rencontrent les cultures en semis précoces. La photosynthèse est réduite et la production de biomasse plante entière est affectée. Cependant, la production de grain profite malgré tout de l’allongement du cycle permis par les semis précoces. En semis tardif (à partir du 10-15 mai), c’est la diminution du poids de 1000 grains qui explique l’essentiel de la baisse du rendement en maïs grain.
Figure 1 : Incidence de la date de semis sur le rendement du maïs grain et du maïs fourrage
8 essais réalisés en Bretagne et Picardie (2011 – 2014)
En maïs fourrage, les semis à partir du 15 avril offrent les meilleures garanties.
En maïs grain, les semis de début avril sont légèrement supérieurs, mais avec une plus grande variabilité de réponse.
Si les semis précoces de maïs peuvent s’avérer intéressants, ils peuvent être aussi plus risqués. Leur mise en œuvre devra donc être raisonnée en s’appuyant sur tous les moyens et outils disponibles, sans oublier l’observation et le bon sens ! Inversement, ne pas saisir les fenêtres de semis à partir du 20 avril dans les régions à températures froides et humides au printemps peut aussi constituer un risque de report des semis vers des périodes très tardives en année à printemps très pluvieux.