Le temps froid qui s’est déployé sur la France la semaine dernière se maintient encore cette semaine. Ceci va causer un ralentissement du développement des cultures.
Près de 1,5°C en dessous des moyennes saisonnières
Les températures moyennes actuelles (du 20 mars au 3 avril) sont 1,5°C en dessous de la moyenne des 20 dernières années pour cette période. Cet écart est à peine supérieur aussi bien pour les minimales que pour les maximales. Il s’agit donc bien d’un épisode de froid significatif, mais pas extrême : on se situe au niveau du décile 2, c’est-à-dire que ces conditions thermiques se rencontrent en moyenne une fois tous les 5 ans.
Ce refroidissement n’est cependant pas homogène : il est plus marqué dans une grande zone Nord et Est (là même où les gelées sont les plus marquées et les plus fréquentes) que sur l’Ouest et le Sud.
Le retour à la normale (voire au-dessus) est annoncé pour le week-end du 4-5 avril.
Carte 1 : Ecart à la moyenne pluriannuelle des températures journalières entre le 20 mars et le 4 avril 2020
Carte 2 : Températures minimales atteintes ou prévues entre le 20 mars et le 4 avril 2020
Une absence de nuage qui dope le rayonnement incident
Ce temps froid s’accompagne de conditions sèches, ensoleillées et ventées. Ceci aboutit à un rayonnement incident sur la même période nettement supérieure aux valeurs moyennes. Là encore, les niveaux atteints aujourd’hui se rencontrent en général une fois tous les 5 ans.
Figure 1 : Températures et rayonnements, en moyenne nationale, pour différentes campagnes sur la période du 20 mars au 4 avril (300 stations météorologiques du territoire métropolitain)
Carte 3 : Ecart à la moyenne pluriannuelle du rayonnement (en %) entre le 20 mars et le 4 avril 2020
Une séquence climatique pour le moment plutôt favorable
La combinaison de températures fraîches et de forts rayonnements est au global plutôt favorable aux cultures : les sols prennent le temps de sécher, les stades évoluent lentement et la photosynthèse reste active. Ceci doit donc permettre aux céréales de rattraper leur retard de croissance sans pour autant se précipiter vers les stades suivants.
Il subsiste toutefois quelques ombres au tableau !
– Le vent associé aux gelées peut générer des dégâts foliaires (le plus souvent sans conséquence ultérieure).
– Le froid matinal peut rendre la photosynthèse faiblement active, alors que l’offre en rayonnement est élevée. Les phénomènes de nécroses foliaires causés par l’accumulation de composés oxydatifs dans les feuilles peuvent apparaître.
– Les situations à fortes gelées peuvent entraîner la destruction des maîtres-brins des cultures les plus précoces. Heureusement, les céréales à paille ne sont pas aussi sensibles que les cultures fruitières, qui nécessitent actuellement de nombreuses attentions.
– La sortie des feuilles sur les plantes de céréales reste lente ; il est donc trop tôt pour parier sur un évitement des maladies foliaires par une sortie des feuilles plus rapide que les contaminations.
Olivier DEUDON (ARVALIS – Institut du végétal)