La gamme de produits disponibles est assez limitée pour des applications du stade 2 nœuds à dernière feuille / gonflement. De plus, leur efficacité va dépendre des adventices ciblées et des conditions climatiques au moment de l’application. Enfin, certains éléments réglementaires réduisent les possibilités d’intervention : le délai avant récolte (DAR) notamment et/ou les restrictions de certaines spécialités à une seule application par campagne (surtout lorsque la sortie d’hiver a déjà été effectuée).
Les herbicides actuellement homologués sont majoritairement utilisables jusqu’au stade 2 nœuds. Au-delà, ils peuvent être inefficaces et pour certains, provoquer des pertes de rendement (attention, effets variables en fonction de la dose et du stade) tels ceux à base de dérivés auxiniques (2.4D, MCPA, etc…). A noter que certaines substances actives de cette famille sont sélectives, même au-delà de ce stade (clopyralid, fluroxypyr).
Toutefois, une gamme limitée de produits reste disponible sur vivaces et dicotylédones. Ces possibilités d’utilisation doivent bien entendu tenir compte, si cela est mentionné, du DAR (Délai Avant Récolte, en jours) ou bien, pour les produits récemment homologués, d’un stade de culture exprimé en BBCH.
En présence de dicotylédones
La plupart des dicotylédones annuelles restées dans les cultures depuis l’hiver, comme les véroniques ou les pensées, sont à des stades trop développés pour être détruites facilement, surtout si aucun herbicide n’a été appliqué auparavant. A ce stade, leur nuisibilité est essentiellement indirecte (semences pour les cultures suivantes), la nuisibilité directe s’étant déjà exprimée. Il est inutile de les cibler, sauf pour les parcelles où ces adventices sont à un stade jeune.
Les gaillets doivent en revanche être contrôlés, leur nuisibilité directe étant encore trop élevée. A des stades développés, il est préférable de choisir des produits à base de fluroxypyr qui seront plus efficaces sur plantes développées que des spécialités à base de sulfonylurées. Ils apporteront également une efficacité correcte sur les renouées.
Téléchargez le tableau 1 : Herbicides antidicotylédones utilisables sur céréales d’hiver après le stade 2 nœuds.
Ces solutions permettent de limiter certaines dicotylédones comme le coquelicot, la matricaire, les renouées, le gaillet.
En présence de vivaces – chardon, rumex, liseron des champs -, les traitements au-delà du stade 2 nœuds permettent de détruire les adventices sans les éradiquer totalement. Il y a aussi l’application d’un glyphosate (spécialité autorisée pour cet usage) qui permet de lutter efficacement contre le liseron ou le chiendent. Dans ce cas, les applications sont à effectuer entre 14 et 7 jours avant la récolte. La lutte contre ces vivaces se raisonne sur la rotation, en mettant à profit l’interculture.
L’efficacité des produits dépend de la cible…
En présence de graminées telles vulpin, ray grass, bromes, l’efficacité des applications est très aléatoire et reste insuffisante. De plus, les DAR des antigraminées sont souvent élevés s’ils sont en jours (entre 70 et 90 jours) ou avec des stades d’application limités à 2 nœuds. Il n’y aura donc que peu de solutions à mettre en œuvre mis à part les spécialités à base de pinoxaden (Axial Pratic et Traxos Pratic ; DAR 60 j) sur ray-grass (+ vulpin) ou bien clodinafop, fenoxaprop seul sur vulpin (Agdis, Calife 100 ; DAR de 42 j / Puma LS ; DAR de 75 j) si les FOP fonctionnent encore. Le pinoxaden seul (Axial Pratic) est la seule possibilité en orge d’hiver.
En présence de folle avoine : les applications à base de clodinofop (Agdis, Calife 100, etc…), fénoxaprop-P-éthyl (Puma LS) pinoxaden (Axial Pratic,) ou pinoxaden + clodinafop (Traxos Pratic) apportent un bon contrôle dans les parcelles de blé tendre et blé dur.
Sur bromes, les possibilités sont réduites du fait des DAR et de l’efficacité intrinsèque des spécialités, plus limitée à des stades avancés. Nous pouvons toutefois citer :
– Monitor (DAR de 70 j),
– spécialités à base de pyroxsulame (Abak et Octogon : DAR = BBCH 32).
Il est désormais trop tard pour appliquer Attribut.
…Et des conditions d’application
Les traitements tardifs sont mieux valorisés quand l’hygrométrie est élevée (> 70 %) et les températures inférieures à 20°C. A cette période il est conseillé de traiter le matin pour profiter d’une hygrométrie plus favorable.
D’autre part il faut raisonner le choix du produit à l‘échelle de la rotation : certains produits peuvent présenter un risque de rémanence sur la culture suivante sensible, tels légumes, légumineuses, couverts végétaux ou cultures de fin d’été… L’ensemble de ces éléments est disponible sur l’étiquette de la spécialité commerciale.
Enfin, notons qu’une plupart de ces spécialités antigraminées ou antidicotylèdones sont limitées à une seule application par campagne.
Ludovic BONIN, Lise GAUTELLIER VIZIOZ (ARVALIS – Institut du végétal)
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