La croissance active du lin a commencé. Pendant cette période qui détermine le rendement en fibres, il est important de surveiller attentivement l’état sanitaire des linières, et plus particulièrement l’oïdium (moisissure blanche), dont le développement peut impacter la quantité et la qualité des fibres.
Les conditions climatiques favorisant le développement initial de l’oïdium sont des températures douces (entre 20 et 25°C) et une forte hygrométrie. Les températures actuelles sont encore un peu fraîches mais la vigilance est de mise car le risque d’expression de la maladie peut être rapide. Les premières étoiles ont été observées la semaine du 11 mai dans une parcelle du Calvados (BSV du 13/05/2020).
Bilan météorologique du début de campagne
Après un mois de mars sec, les pluies ont repris à partir de mi-avril avec une répartition hétérogène suivant les secteurs (Figure 1). Sur la période du 1er avril au 10 mai 2020, les Hauts-de-France ont les cumuls de pluie les plus faibles, inférieurs à 36 mm, tandis que les cumuls en Basse-Normandie atteignent 80 mm. Dans tous les cas, le caractère orageux des précipitations de ces dernières semaines laisse apparaitre de grandes disparités locales .
Figure 1 : Cumuls des précipitations en mm entre le 1er avril 2020 et le 10 mai 2020
En ce qui concerne les cumuls de températures, pour l’ensemble du secteur linier, ils sont largement supérieurs à la moyenne sur les 20 dernières années (Figure 2). Les cumuls sont plus importants pour la Normandie que pour les Hauts-de-France. Les températures élevées favorisent une croissance rapide du lin qui devrait se poursuivre. Les dates de floraison sont ainsi prévues pour début juin.
Figure 2 : Ecart à la moyenne sur 20 ans des sommes de températures base 5 du 1er avril 2020 au 10 mai 2020
Quel impact de la maladie à des stades précoces ?
La figure 3 montre la relation entre l’intensité d’oïdium – notée de 0 à 10 (plus la note est élevée, plus la pression en oïdium est forte) – et l’écart de rendement en lin teillé, en q/ha, entre les modalités traitées et les témoins non traités (nuisibilité).
Plus l’oïdium est présent tôt dans le cycle végétatif de la culture – et encore plus si l’intensité est forte (mycélium fortement développé sur les feuilles)-, plus l’impact sur le rendement en lin teillé sera important.
Cet impact ne se mesure pas seulement sur le rendement puisqu’il a été démontré qu’une dégradation de la qualité était observée, notamment sur la résistance des fibres : les fibres des modalités non protégées présentent une résistance nettement inférieure à celle des modalités protégées contre les maladies.
Figure 3 : Relation entre l’intensité d’oïdium aux stades précoces (30-60cm) et la nuisibilité de la maladie (en q/ha)
Quels sont les moyens de lutte ?
Même si l’offre de variétés tolérantes augmente et permet dans certains cas de décaler des interventions (arrivée plus tardive de la maladie), elle ne permet pas de s’affranchir de la protection fongicide qui représente le principal levier pour diminuer l’impact de la maladie sur le rendement. ARVALIS travaille chaque année sur la détermination des meilleures combinaisons de produits fongicides possibles en fonction de la pression de la maladie.
Après évaluation du risque, la stratégie de lutte se détermine à la parcelle. Il faut effectivement raisonner les interventions en fonction de la pression maladie, du stade de la culture, des conditions de végétation. A noter que certaines spécialités peuvent perturber la croissance des lins.
Le dernier traitement peut être réalisé jusqu’au stade pré-floraison. Attention, une intervention après ce stade peut empêcher la mise en place du rouissage.
Figure 4 : Exemples de programmes fongicides possibles
Information réglementaire
Nissodium : Autorisation sur lin oléagineux (et donc autorisation d’utiliser les graines de lin fibre en alimentation humaine ou animale)
1 seule application max à 0,5 l/ha, possibilité de faire 2applications à 0,25 l/ha (ou moins)
Exemples d’applications possibles
– Ce qui est autorisé : 0,2 l/ha puis 0,25 l/ha ; une seule fois 0,3 l/ha ; deux fois 0,25 l/ha.
– Ce qui est interdit : 0,3 l/ha puis 0,1 l/ha.
Septoriose : à surveiller selon les secteurs
L’hiver particulièrement doux et humide a pu être propice au développement d’un inoculum de la maladie.
En végétation, la septoriose incube en début de cycle (levée et 10 cm) et avec des conditions climatiques favorables au développement du champignon (forte humidité, températures douces et pluies régulières). Ce sont les pluies régulières du printemps qui font monter la maladie étage par étage par effet splash sur les feuilles. Les symptômes s’expriment souvent en fin de cycle au moment de la floraison avec l’apparition de brunissures sur les tiges, des taches noires et rondes sur les feuilles.
De ce fait, les parcelles situées dans les secteurs concernés par les orages d’avril et mai (les 9 et 10) sont à surveiller particulièrement. Le risque septoriose est a priori faible. Une intervention systématique avec Score est inutile. Néanmoins, en cas de conditions favorables à la septoriose et/ou en présence de symptômes, une application de Score à 0,5 l/ha s’avère efficace. Elle permettra de stopper le développement de la maladie mais ne sera pas curative. L’intervention est possible jusqu’à la floraison si les symptômes persistent et/ou se développent.
Son action sur l’oïdium est très faible.