Après les printemps 2015 et surtout 2016 au cours desquels la géomyze avait occasionné de nombreux dégâts sur maïs, en particulier en Bretagne, la campagne 2017 avait été plus calme. Le fait d’avoir de plus faibles attaques l’an dernier peut s’expliquer par un climat moins favorable au ravageur et une augmentation des surfaces protégées. Pour 2018, les premiers éléments d’ordres climatiques incitent à la plus grande prudence vis-à-vis de ce ravageur.
Un travail(1) réalisé à l’échelle de la Bretagne a combiné l’analyse des données météorologiques historiques avec les dégâts de géomyze observés en culture de maïs. Il a permis de caractériser les années favorables et non favorables aux dégâts occasionnés par ce ravageur.
Les principaux facteurs climatiques qui influencent la présence de dégâts au printemps sont :
– la pluviométrie et la température au cours de l’été de l’année précédente,
– les températures au cours de l’automne et de l’hiver précédent,
– la pluviométrie au cours du printemps de l’année de culture.
A partir de ce travail, il est possible de proposer un modèle descriptif qui informe a posteriori (c’est-à-dire une fois que les données climatiques du printemps sont connues) sur le risque de l’année. Plus intéressant, il est possible d’évaluer le risque a priori en utilisant seulement les données climatiques disponibles jusqu’au 28 février de l’année en cours. Mais dans ce cas, la fiabilité du modèle est moins bonne, car les conditions climatiques rencontrées après le semis influencent fortement les dégâts. Cela permet tout de même d’avoir une notion du risque encouru pour l’année juste avant les semis.
Forte probabilité d’observer des dégâts en 2018
Selon ce modèle prédictif, la probabilité d’observer des dégâts de géomyze en Bretagne au printemps 2018 est actuellement de 77 %.
Le même modèle, utilisé dans des conditions comparables, prévoyait une probabilité de risque de 99 % en 2016 (année avec très forts dégâts) et de 91 % en 2015 et 2012 (années avec dégâts significatifs). La probabilité d’observer des dégâts était inférieure à 30 % en 2014, 2013, 2011 et inférieure à 1 % en 2017 (toutes ces années étant caractérisées par des dégâts faibles ou nuls).
Cela tend à signifier que les conditions de l’année 2017 et de l’hiver 2017-2018 semblent avoir été favorables à l’abondance puis à la survie de la géomyze.
Comment utiliser cette information ?
Les conditions climatiques rencontrées au cours des premières semaines après les semis de maïs seront déterminantes sur le niveau de dégâts causés par la géomyze. Des conditions humides et froides au cours de cette période seront plus favorables à l’expression de dégâts. Il est aussi probable que certaines périodes de semis soient moins exposées aux attaques. Rappelons également que les informations issues de ce modèle de prévision de risque ne peuvent être utilisées qu’à l’échelle de la Bretagne. Sa validation et son amélioration se feront au fil des années.
D’après les observations réalisées au cours d’années marquées par des dégâts de géomyze, peu de facteurs agronomiques ou environnementaux semblent influencer les attaques (en situation de forte population). Les leviers d’action visant à limiter les risques paraissent donc à ce jour limités.
Compte tenu de l’absence de technique de lutte curative en cas d’attaque déclarée, il semble prudent de protéger les prochains semis avec le traitement de semences Sonido, seule technique actuellement satisfaisante pour la protection du maïs contre ce ravageur.
(1) Collaboration Montpellier SupAgro, Agrocampus Ouest – UMR IGEPP – Rennes, Montpellier SupAgro – UMR CBGP – Montferrier-sur-Lez, AgroParisTech – UMR Bioger – Thiverval-Grignon, ARVALIS
Jean-Baptiste THIBORD (ARVALIS – Institut du végétal)
Michel MOQUET (ARVALIS – Institut du végétal)