Quelques pucerons ont été observés sur les premiers semis, mais leur présence reste à ce jour globalement discrète. La vigilance est cependant de mise, l’automne 2014 ayant montré que des infestations même tardives pouvaient occasionner des dégâts significatifs.
Différentes espèces de pucerons (Rhopalosiphum padi, Sitobion avenae, Schizaphis graminum, Metopolophium dirhodum…) sont capables de transmettre les virus de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Aucun moyen de lutte ne peut être engagé contre ces virus quand la plante est infectée. La lutte repose donc sur des techniques culturales préventives (gestion des repousses, décalage des semis, variétés tolérantes) et sur la lutte insecticide, par la protection des semences ou le traitement en végétation.
Une protection des semences efficace
La protection insecticide des semences à base d’imidaclopride (Gaucho 350, Gaucho Duo FS) présente une très bonne efficacité vis-à-vis des pucerons. Lors des trois essais de la campagne 2014/2015 (figure 1), soumis à des infestations significatives et prolongées, Gaucho 350 a confirmé sa forte efficacité avec un gain de rendement atteignant 58 q/ha sur orge (2 essais) et 32 q/ha sur blé (1 essai). Le traitement Gaucho Duo FS, conduisant aux mêmes apports d’imidaclopride a conduit à des performances similaires.
Cette protection peut s’étendre jusqu’au stade 4-5 feuilles environ, mais elle n’est pas totale en cas d’infestations tardives et doit être complétée par des insecticides de plein champ. Sur ces mêmes essais, l’application d’un traitement insecticide relais (Karaté Zéon) au stade début tallage a permis d’accroître le rendement de près de 11 q/ha sur orge et de 7 q/ha sur blé. Ces résultats soulignent la nécessité de prolonger la surveillance lors des automnes doux et ensoleillés qui peuvent favoriser une activité relativement tardive des pucerons dans un contexte de croissance rapide des céréales.
Figure 1 : Traitements insecticides et gains de rendements (q/ha) sur 3 essais 2015, avec des semis précoces soumis à des infestations prolongées de pucerons infectieux
Intervenir en végétation au bon moment
Les insecticides appliqués en végétation sont essentiellement des pyréthrinoïdes (figure 2). Ils agissent par contact et ne protègent pas les nouvelles feuilles formées après le traitement. Ainsi une application trop précoce est une assurance illusoire car elle ne permettra pas de lutter efficacement contre les infestations à venir. L’observation des insectes dans la parcelle est donc essentielle pour déclencher le traitement insecticide au moment le plus opportun. Ces observations sont à réaliser minutieusement, par beau temps, et ce dès la levée en l’absence de protection insecticide des semences. Attention : les pucerons ne sont pas responsables de dégâts directs, au-delà de leur niveau et durée de présence, leur nuisibilité dépend notamment de leur pouvoir virulifère et de leur capacité à transmettre les virus aux plantes. Dans ces conditions, la notion de seuil reste délicate !
Figure 2 : Principales spécialités insecticides en végétation
Traiter dès que 10 % des plantes sont habitées et ne pas laisser séjourner les pucerons
Il est recommandé d’intervenir quand 10 % de plantes portent au moins un puceron. En dessous de ce seuil, il est conseillé de ne pas laisser séjourner les pucerons plus de 10 jours sur la parcelle : même peu nombreux – et donc plus difficilement observables, notamment par temps pluvieux-, ils peuvent occasionner de graves dégâts suite à une présence prolongée.
Et au-delà du premier traitement, il est nécessaire de ne pas relâcher la surveillance quand les conditions sont favorables à de nouvelles infestations, même tardives (les plantes restent sensibles à l’infection jusqu’au stade fin tallage environ).
Ainsi à l’automne 2014, sur l’essai ARVALIS – Institut du végétal conduit à Saint Pierre d’Amilly (figure 1), le traitement insecticide Karaté Zéon, appliqué au stade 2 feuilles, avec 10 % de plantes habitées, a permis un gain de 15 q/ha. Mais face aux infestations tardives de l’automne 2014, seule une lutte renforcée avec une deuxième application (début tallage) a permis d’atteindre un rendement proche de celui acquis avec la protection insecticide des semences. Sur la plateforme de Montans, que ce soit sur orge d’hiver ou sur blé tendre, trois applications de Karaté Zéon ont été nécessaires pour atteindre le rendement de la modalité Gaucho 350 avec relais insecticide.
Nathalie ROBIN (ARVALIS – Institut du végétal)