La pyrale du maïs se développe dans les zones de production du maïs fourrage. Son incidence sur le rendement en matière sèche peut être forte. Il est nécessaire d’observer attentivement ses cultures, de se renseigner sur le déploiement potentiel de ce ravageur – via les BSV – et de réfléchir dès à présent à une stratégie de prévention pour 2019.
Un ravageur à prendre au sérieux
La pyrale (Ostrinia nubilanis) est un papillon qui pond ses œufs sur la face inférieure des feuilles de maïs en début d’été. La larve, issue de l’œuf, se déplace vers la tige dans laquelle elle creuse des galeries qui fragilisent la plante et perturbent son fonctionnement. Elle peut aussi s’installer dans les épis, au niveau des grains ou du pédoncule. En fin de cycle, la larve migre vers le bas de la tige où elle passe l’hiver en diapause.
Rendement et qualité dégradés
Les dégâts occasionnés sont de plusieurs natures :
– perte de rendement plante entière et grain par défaut d’alimentation de la plante (et notamment par la baisse du poids de mille grains),
– perte de valeur alimentaire par défaut de remplissage du grain (teneur en amidon) et baisse de qualité de la partie « tige + feuilles »,
– perte de rendement par casse de tige ou de pédoncule,
– risque d’installation des fusarium sur les grains, producteurs de mycotoxines.
En maïs fourrage, la nuisibilité peut être significative. Les premiers essais font ressortir une perte de rendement de 0,7 t MS/ha en moyenne dans des parcelles ayant entre 10 et 50 % de plantes présentant un symptôme de présence de pyrale avant la récolte (5 essais ARVALIS en Bretagne, 2015-2017).
Les comptages de l’automne 2017 ont montré une progression significative de la pyrale dans tous les départements : en moyenne + 40 % de larves par rapport à l’automne 2016. L’information, l’anticipation et les comptages larvaires en veille de récolte 2018 permettront de préparer la stratégie 2019.
La lutte commence sitôt la récolte
Les producteurs qui se savent concernés en 2018 ont déjà organisé leur stratégie de protection pour ce début d’été. Pour les autres, le suivi des BSV et les comptages de larves en veille de récolte permettront de mieux définir les zones à risques. Dans ces situations, la lutte s’organisera sitôt la récolte (fourrage ou grain) 2018 via des méthodes agronomiques, biologiques et chimiques.
Le broyage des cannes et des bases de plantes juste après la récolte et l’enfouissement des résidus sont les premières mesures à mettre en place. Cette pratique permet de diminuer significativement la population de larves à l’entrée de l’hiver. Cette mesure prophylactique est nécessaire dans toutes les régions où la pyrale est présente, pour freiner son développement.
Ensuite, dans le cas d’une lutte biologique avec des trichogrammes, prévoir dès le début du printemps la commande de ces micro-hyménoptères prédateurs de la pyrale.
Concernant la lutte chimique, comme pour la lutte biologique, l’efficacité du traitement est liée au bon stade d’application : au début du vol des papillons pour le dépôt des trichogrammes, au pic de vol des papillons pour les solutions insecticides. La lecture des BSV permettra une application au bon moment.
Pour en savoir plus, consultez la fiche Accidents du maïs consacrée à la pyrale.
Michel MOQUET (ARVALIS – Institut du végétal)
Gilles ESPAGNOL (ARVALIS – Institut du végétal)