A défaut de disposer d’une solution complètement satisfaisante contre les corbeaux, corneilles et autres corvidés pour la protection des semis de maïs, la seule réponse est de mettre en œuvre une protection intégrée qui combine les quelques leviers disponibles.
Régulation des populations : le piégeage et le tir autorisés pour limiter l’abondance de certaines espèces
La protection des prochains semis commence dès maintenant et peut être mise en œuvre sans plus attendre pour le corbeau freux et la corneille noire. Ces espèces sont classées parmi les espèces nuisibles. La réglementation nationale relative à la régulation des espèces nuisibles autorise le piégeage (toute l’année) et le tir (à certaines périodes de l’année) dans la plupart des départements. Cette réglementation évolue fréquemment avec des modalités de mises en œuvre qui varient selon les départements. Il est préférable de consulter l’arrêté du 3 juillet 2019 pour s’assurer des autorisations locales.
Le choucas des tours bénéficie d’un statut différent : cette espèce ne figure pas dans la liste des espèces nuisibles et n’est donc pas concernée par la réglementation précitée. Compte tenu des dégâts occasionnés, des mesures de régulation peuvent néanmoins être autorisées localement grâce à des arrêtés préfectoraux qui précisent alors le nombre d’individus pouvant être prélevés. Il convient de se renseigner sur l’existence ou non d’un arrêté dans son département.
Des pratiques culturales qui réduisent l’exposition aux risques
L’adaptation des pratiques agronomiques peut contribuer à abaisser l’exposition des jeunes plantes aux attaques de corvidés, sans pour autant garantir l’absence d’attaques :
– la date de semis : grouper les semis permet de diluer les attaques de corvidés dans le paysage. Il convient donc d’éviter tant que possible les semis décalés dans l’espace et dans le temps. Une parcelle de maïs isolée géographiquement ou dans le temps (semis tardif par exemple) aura toutes les chances de concentrer les individus, et donc les dommages.
– éviter les préparations en conditions trop sèches pour ne pas avoir des sols motteux ou soufflés, conditions favorables aux dégâts d’oiseaux, tout en évitant de semer trop tôt après le labour (en sol limoneux). Un compromis doit être trouvé pour satisfaire ces conditions parfois antagonistes.
– rappuyer correctement la ligne de semis : lorsque les oiseaux ont le choix, des différences sont notables selon le type de préparation de sol et le type de semoir.
– si les conditions le permettent (selon le type de sol, la période de semis, la météo annoncée…), privilégier un semis profond (au moins 4-5 cm). Les dégâts seront ralentis à défaut d’être empêchés.
A l’inverse, certaines situations seront plus favorables aux attaques de corvidés :
– une levée lente du maïs (conditions climatiques défavorables, semis profond, sol argileux) et une croissance ralentie jusqu’au stade 4-5 feuilles.
– une activité biologique accrue du sol et la présence de macrofaune (techniques culturales sans labour, semis sous couvert, présence de résidus et de graines, apport de fumier…).
Une solution corvifuge pour les parcelles très exposées
Il existe une solution pour protéger le maïs contre les attaques de corvidés : le traitement de semences Korit 420FS (à base de zirame). Il est homologué et disponible pour les semis 2021. Sur le plan technique, les essais réalisés par ARVALIS ont permis de démontrer l’intérêt corvifuge de cette spécialité (figure 1). Ses résultats sont nettement meilleurs qu’une protection fongicide au semis (Influx xl) seule ou associée à un insecticide (Force 20CS). A noter qu’en cas de populations trop abondantes et si les conditions agroclimatiques sont favorables aux attaques d’oiseaux, l’efficacité de Korit 420FS devient largement insuffisante (figure 2).
Aucune autre solution disponible à ce jour – autorisée pour l’usage corvifuge ou n’importe quel autre usage permettant une mise en marché – n’a démontré à ce jour un intérêt technique dans nos essais pour la protection contre les attaques de corvidés.
Figure 1 : Protection contre les dégâts de corbeaux – Synthèse de 5 essais [2015-2019]
Figure 2 : L’intérêt de la protection Korit 420FS dépend de l’intensité de l’attaque par les corvidés
Il est important de noter que les corvidés se déplacent beaucoup dans les parcelles et choisissent les plantes qu’ils consomment. Par conséquent, de petits écarts peuvent apparaitre dans une parcelle ou entre parcelles lorsque les oiseaux ont le choix (par exemple entre deux rangs de semis bénéficiant de traitements de semences différents) mais, en absence de solution réellement corvifuge, les différences deviennent faibles à nulles si les oiseaux n’ont pas le choix.
Sur le plan réglementaire, Korit 420FS présente les mentions de danger H330, H373, H317, H335 et H401 qui contraignent son application sur semences ; Comme pour n’importe quelle solution phytopharmaceutique, l’utilisation de ce produit ne peut donc pas être généralisée et doit être réservée aux parcelles concernées par un risque d’attaque par les ravageurs ciblés.
Signaler tous dégâts pour suivre le développement des populations
En cas d’attaques sur les prochains semis, il convient de les signaler via les formulaires mis à disposition par les organismes départementaux (DDT, CA, FDSEA, FNC selon département…) et ceci même si les dégâts des années précédentes ont déjà été recensés. Le signalement ne donne droit à aucune indemnisation, mais il est pris en considération pour l’étude de leur classement ou non sur la liste des espèces nuisibles.