Reliquats en azote dans le sol : état des lieux à la reprise de végétation du blé

Comme chaque année, des analyses de reliquats d’azote dans le sol sont réalisées sur les sites d’expérimentation régionaux d’ARVALIS – Institut du végétal. Voici les résultats.

La mesure des reliquats d’azote dans le sol à la sortie de l’hiver est la première étape pour ajuster au mieux la fertilisation azotée des céréales à paille.

Résultats de RSH sur les différents sites

À Misérieux (01)

Au Nord de Rhône-Alpes, en sols de limons argileux profonds, après un précédent colza, les reliquats atteignent 57 kg/ha, soit 28 kg/ha de plus qu’en 2016 avec un précédent identique et 34 kg/ha de plus que la moyenne sur 13 ans.
Figure 1 : Reliquats azote sortie hiver sur blé – précédent colza à Misérieux (01)

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À Lyon St Exupéry-Pusignan (69) (CREAS)

Dans les sols de graviers profonds de la Plaine de Lyon, les reliquats sont légèrement inférieurs à ceux de 2016 et supérieurs de 2 à 8 kg/ha par rapport à une moyenne sur 9 ans (pour maïs et tournesol). Dans ce type de sol, les reliquats ne sont jamais très élevés, c’est encore le cas cette année avec un effet précédent peu significatif.
Tableau 1 : Valeurs des reliquats en 2016 et 2017 selon le précédent

Figure 2 : Reliquats azote sortie hiver sur blé – précédent maïs – au CREAS (69)

 

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Figure 3 : Reliquats azote sortie hiver sur blé – précédent tournesol – au CREAS (69)

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À Lens Lestang (26)

Dans les limons profonds battants de Lens Lestang, les reliquats atteignent 60 kg/ha après un précédent colza. C’est 32 kg de plus qu’en 2016 et 25 kg de plus que la moyenne sur 7 ans à précédent identique.
Figure 4 : Reliquats azote sortie hiver sur blé – précédent colza – à Lens Lestang (26)

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À Etoile (26)

Les niveaux de reliquats sont élevés cette année, de l’ordre de 60 kg/ha, légèrement au-dessus de l’an dernier, de 3 à 7 kg/ha de plus.

Côté climat : un temps froid et sec

Depuis plus de deux mois, le temps froid et sec a été peu propice à la croissance des blés. Peu développées, les plantes ont absorbé de faibles quantités d’azote. Par ailleurs, la faiblesse des pluies a entraîné peu de lessivage. Ce constat se vérifie dans toute la région Rhône-Alpes (figures 5 à 8).


fiche technique pdf iconeTéléchargez les figures 5 à 8 : Position de la campagne 2016-2017 en cumul de pluies et de températures moyennes pour différents postes météo.


Un premier apport à dose raisonnable

Les besoins d’azote au tallage sont faibles : 300 g/jour/ha si le temps est poussant. En fin de montaison, ces besoins dépassent 3 kg/jour/ha. Plus le besoin est élevé au moment de l’apport, meilleure sera la valorisation. Celle-ci est de 60 % avant le stade épi 1 cm alors qu’elle peut atteindre 90 % à dernière feuille pointante.

Lorsqu’un apport au tallage est nécessaire, 40 à 50 kg/ha suffisent pour accompagner les plantes jusqu’au stade épi 1 cm. L’azote apporté n’accélère ni l’émission des feuilles, ni celle des talles. Il ne compensera pas un défaut de plantes ou un manque de talle lié à de mauvaises conditions de semis. Trop d’azote au tallage, c’est favoriser la fuite des nitrates, c’est aussi se donner moins de moyens pour contribuer à la teneur en protéine finale. Mieux vaut garder de quoi renforcer l’apport de fin montaison.

Que faire ?

Le décalage d’un apport de 40 u/ha maximum peut être réalisé sans risque jusqu’à une dizaine de jours avant le stade épi 1 cm dans les situations suivantes :
• précédent riche en azote ou fertilisation importante du précédent,
• apport de matière organique,
• sols profonds à bonne minéralisation,
• date de semis précoces avec un tallage bien avancé.

Dans les autres situations (sols très superficiels, précédents peu riches en azote (tournesol, maïs à bons rendements), semis tardifs), un apport peut se justifier mais devra être limité à 40 u/ha, il sera largement suffisant. Ce type de situation peut être détecté par un jaunissement des vieilles feuilles, jaunissement à ne pas confondre avec d’autres causes : virus, tassement ou maladie (oïdium, piétin échaudage…).

S’il y a des mauvaises herbes, désherber en priorité et attendre 8 jours après l’intervention avant tout apport d’engrais azoté minéral.

Si une bande double densité est présente dans la parcelle, c’est un bon indicateur pour décider ou non d’effectuer un apport d’azote au tallage.

Ne déclencher l’apport d’azote que si les conditions climatiques sont réunies : sol ressuyé et non gelé, pluie d’au moins 5 à 10 mm après l’apport et températures poussantes.

Le forme d’engrais (ammonitrate, urée, solution) n’entraîne pas de retard dans la valorisation de l’engrais et ne nécessite pas d’anticipation de la date d’apport.

A la lecture des analyses de reliquats sortie hiver, on peut estimer qu’il y a de l’azote dans le sol, sous forme assimilable, dans les sols profonds, limoneux, limono-argileux ou argileux, en quantités plus importantes que ces dernières années. Ce n’est pas le cas en sol de graviers.

Variable suivant les types de sol, les précédents et l’année, la mesure de cette donnée est primordiale car elle s’intègre dans le calcul de la dose totale prévisionnelle et constitue le premier outil de pilotage de la fertilisation azotée.

Jean PAUGET (ARVALIS – Institut du végétal)