Comment remettre en état les prairies piétinées ?

IMG_0795_576x384Dans un grand nombre de cas, les fortes pluies des mois derniers ont engendré des conditions de portance très limites dans les prairies pâturées conduisant à du piétinement et à leur dégradation. Voici quelques rappels techniques pour les restaurer et les entretenir.

Avant d’envisager une quelconque rénovation, il est indispensable de réaliser un diagnostic de sa prairie. Suivant le niveau de portance et le chargement instantané, la dégradation par le piétinement a pu être plus ou moins importante. Dans certains cas, cela se traduit par la présence de refus et de traces de pas peu profonds répartis sur l’ensemble de la parcelle. Dans les cas les plus critiques, la quasi-totalité de la parcelle peut présenter de larges zones de sol nu où la végétation a totalement disparu.

Si les « vides » représentent 10 % ou plus de l’espace dans la prairie (surface d’une assiette par m2), un sursemis est envisageable. En dessous de ce seuil, la prairie a la capacité de se régénérer toute seule et ce d’autant plus si elle possède un bon fond prairial.

Faucher les refus

La présence de refus ou d’herbe couchée voire piétinée est une des caractéristiques de bon nombre de prairies pâturées. Il est indispensable de faucher ces refus pour permettre un redémarrage rapide et régulier des repousses.

Faucher ou broyer ? la décision dépendra du volume des refus. S’il est important, un broyage conduira à laisser sur place des quantités importantes de végétation qui auront d’une part beaucoup de mal à se décomposer et qui d’autre part gêneront les repousses.

Dans tous les cas, le but est de réaliser une coupe franche (couteaux bien affutés), pas trop rase (7-8 cm) pour favoriser un redémarrage rapide de la végétation. En cas de broyage, privilégier un outil qui permette une coupe la plus fine possible avec une répartition la plus homogène. Les gyrobroyeurs sont souvent assez peu adaptés en présence de résidus importants, les broyeurs à axe horizontal seront donc plus appropriés.

La faucheuse est une bonne alternative : elle assure un débit de chantier élevé et permet d’exporter les résidus si ceux-ci sont en quantité relativement importante et de les valoriser en fourrage d’appoint pour des animaux à faibles besoins.

Comment niveler sa prairie ?

Au vu des conditions plus séchantes de ces derniers jours, le nivellement des prairies est plutôt à envisager à la fin de l’été ou au début de l’automne.

•  L’utilisation d’une herse rotative réglée de manière superficielle permet d’aplanir le sol sans trop dégrader le couvert végétal. Elle peut être attelée à un semoir qui permettra de réaliser un sursemis au cours du même passage.

• L’utilisation également d’un outil légèrement plus agressif (scarificateur, aérateur) à la fin de l’automne peut dans ce cas précis (et seulement dans ce cas) trouver son utilité en aérant le sol compacté par le piétinement. Il pourra être suivi d’un passage de rouleau pour rappuyer en surface.

Dans quels cas peut-on envisager de sursemer ma prairie ?

Le sursemis est une technique de rénovation des prairies relativement simple et économique mais sa mise en œuvre nécessite des conditions optimales (sol, climat, végétation en place…) pour mettre un maximum de chances de son côté.

Le sursemis d’une prairie peut s’envisager à la place d’une destruction complète du couvert prairial dans le cas où la prairie est en partie abîmée suite à un piétinement important de certaines zones. Il trouve également son intérêt dans les cas où les zones de sol nu sur l’ensemble de la parcelle représentant au minimum un taux de l’ordre de 10 à 15 %.

D’autre part, un sursemis, nécessite de posséder un bon fond prairial. Au moins 30 % des espèces présentes doivent être des espèces de bonne valeur fourragère (ray-grass anglais, fétuque élevée ou des prés, dactyle, fléole, trèfle, lotier ou encore minette, etc…). En deçà de ce seuil, un ressemis est préférable.

Quelques recommandations pour réussir un sursemis

  • Intervenir sur une végétation rase inférieure à 5 cm (pâturage ras, fauche) et sur un sol ouvert comportant des espaces libres pour permettre aux jeunes plantes de se développer avec un minimum de concurrence. Soit les espaces libres sont déjà suffisamment présents et il est inutile d’intervenir, soit il faut agrandir les espaces. On peut le faire par un hersage énergique avec une herse étrille par exemple pour éliminer les plantes s’arrachant facilement comme les pâturins, agrostides, renouées… ou en désherbant sélectivement certaines plantes.

    • Choisir des espèces « agressives ». En pâturage, on privilégiera les espèces comme le ray-grass anglais ou hybride, ou le trèfle blanc.

    • Semer dans les conditions optimales de germination : c’est-à-dire dans un sol réchauffé et humide en respectant les dates de semis habituelles pour la région. Les semis de fin d’été (à partir du 15 août) profitent d’une moindre concurrence de la végétation en place et d’une levée rapide du jeunes semis dès les premières pluies.

    • Ne pas semer à plus de 1 cm de profondeur en veillant à recouvrir les graines de terre fine.

    • Bien rappuyer le sol après le semis soit par un passage de rouleau cultipacker ou croskillette soit par le passage d’animaux avec un fort chargement instantané (< 30 a/UGB) maintenus dans la parcelle pendant une à deux journées après le semis.


Pour en savoir plus, consultez la brochure « Sursemis des prairies : comment semer sans détruire la prairie en place ? » disponible sur le site des éditions ARVALIS.



Didier DELEAU (ARVALIS – Institut du végétal)

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