Les triazoles associées entre elles ou à une strobilurine jouent un rôle de premier choix dans la lutte contre la rouille brune, contrairement aux SDHI qui ne sont pas indispensables. Toutefois, les mélanges triples, intégrant ces trois familles chimiques, font partie des traitements les plus efficaces sur cette maladie.
Lors de la campagne 2014-2015, trois essais ont été conduits dans le Sud (Aude, Drôme et Gers), avec un niveau de rouille conséquent : 47 % de maladie présente sur feuilles et une nuisibilité de 29,2 quintaux (différence entre la meilleure modalité et le témoin non traité).
En précipitant la sénescence du feuillage, la fin de cycle sèche et chaude a limité l’impact de la maladie au niveau du rendement ; au final, les écarts sont relativement modestes dans nos essais par rapport à ce que pouvaient laisser supposer les notations visuelles. Ainsi, l’écart est de 31 % entre la meilleure efficacité et la moins bonne, et côté rendement, il atteint 9 q/ha toutes spécialités confondues.
La comparaison des différentes modalités est réalisée après une application à dernière feuille étalée (fin avril). Le coût des produits testés avoisine 50 €/ha pour les doses retenues.
Bons à très bons résultats avec les triazoles
C’est Osiris Win à 2 l, associant deux triazoles, qui procure les meilleurs résultats dans la comparaison de produits plutôt dédiés au T1.
Parmi les associations de triazoles avec des produits de contact (chlorothalonil ou folpel), Attento Star + Ludik se montre la plus efficace (82 %) avec également un bon niveau de rendement, bien que significativement non différent. Cette association contient tout de même 293 g de triazoles.
Quant à Cherokee, étudié à 2 l/ha, il affiche 69 % d’efficacité et 80,3 q/ha en rendement. A 2 l/ha également, Broadway donne des résultats très proches en termes d’efficacité et de rendement.
Figure 1 : Efficacités et rendements de différentes associations sur rouille brune du blé – les T1 : triazoles associés à des contacts comparativement à la référence Osiris Win 2 l – Application unique au stade 39/41 (début épiaison) – (3 essais : 11, 26, 32)
Très bonnes efficacités pour les applications avec strobilurines
Les produits à base de strobilurines, classiquement utilisés contre la rouille brune du blé, montrent tous des efficacités égales ou supérieures à 80 %. Cette année encore, c’est Viverda 1,25 l qui donne les meilleurs résultats, mais d’une courte tête. L’ajout d’un SDHI n’apporte rien de significatif par rapport à une base triazole + strobilurine efficaces.
Figure 2 : Efficacités et rendements de différentes associations sur rouille brune du blé : apport des strobilurines associées – Application unique au stade 39/41 (début épiaison) – (3 essais : 11, 26, 32)
Comparatif entre différentes triazoles
Des solutions à base de metconazole sont comparées à des mélanges triples à base d’époxiconazole.
Librax, exempt de strobilurine, montre des efficacités plus faibles, en particulier à plus petite dose de 0,9 l (45 % N). L’augmentation de la dose à 1,2 l (60 % N) permet d’obtenir de meilleures performances. L’ajout de Comet 200 à Librax 0,75 l ne parvient pas totalement à se mettre au niveau de Ceriax 1 l.
L’association Sakura 1,2 + Imtrex 1 l contient une double triazole (bromuconazole et tébuconazole) avec du fluxapyroxad. Dans les deux doses de Librax étudiées, c’est un équivalent Imtrex 0,9 et 1,2 + du metconazole. La comparaison de ces trois modalités est en faveur de l’association, ce qui laisse penser que les 200 g de tébuconazole présents dans le Sakura + le bromuconazole sont plus performants que le metconazole sur rouille brune.
Cette association permet d’élargir la gamme des associations triazoles + SDHI et c’est un choix supplémentaire dans la diversification des triazoles.
Figure 3 : Efficacités et rendements de différentes associations sur rouille brune du blé – Mélange 2 ou 3 voies : impact du choix de la triazole – Application unique au stade 39/41 (3 essais : 11, 26, 32)
La strobilurine ne permet pas toujours de compenser
Variano Xpro 1,2 l se situe au niveau d’Aviator Xpro 1 l, l’apport de la fluoxastrobine vient tout juste compenser la réduction de prothioconazole et de bixafen.
De manière similaire, l’ajout de 75 g de picoxystrobine à Aviator Xpro 0,6 l ne permet pas d’atteindre les résultats obtenus avec une dose de 1 l. Un comportement déjà vu par ailleurs, où l’apport de strobilurine ne vient pas compenser la réduction des autres matières actives.
Autre constat dans cette série de comparaison, l’effet dose important pour les applications d’Aviator Xpro : une dose la plus élevée offre de meilleures performances.
Figure 4 : Efficacités et rendements de différentes associations sur rouille brune du blé – Application unique au stade 39/41 (3 essais : 11, 26, 32) : produits à base de prothioconazole
Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)