Depuis l’apparition des races Warrior en 2011-2012, concomitante avec des conditions hivernales particulièrement favorables au développement de l’inoculum, la rouille jaune semble revenir plus fréquemment, et surtout avoir une aire géographique d’incidence plus importante. Le point sur les races présentes en France et sur les derniers contournements de résistances variétales observés au champ.
La résistance variétale est un moyen de lutte particulièrement efficace contre la rouille jaune. Cependant beaucoup de variétés résistantes en fin montaison et durant le remplissage peuvent être sensibles durant le tallage et le début de la montaison. Ces résistances qui s’expriment au stade adulte peuvent s’appuyer sur plusieurs gènes mineurs qui constituent des niveaux de protection efficaces, ou sur des gènes de résistance majeurs qui protègent totalement la plante mais qui sont aussi soumis à des risques de contournements plus importants.
Les attaques de rouille jaune étant rarement observées avec l’ampleur actuelle de façon aussi précoce, les niveaux de résistance des variétés attribués par le GEVES à l’inscription puis mis à jour par ARVALIS – Institut du végétal en post-inscription représentent les niveaux de résistance des variétés « au stade adulte » (figure 1).
Figure 1 : Echelle 2015 des résistances au stade adulte des variétés de blé tendre à la rouille jaune
Plus de la moitié des variétés actuelles sont résistantes ou assez résistantes à cette maladie. Toutefois des contournements sont observés en raison de l’évolution des races qui s’adaptent au paysage variétal cultivé.
Une nouvelle race type Warrior domine depuis 2014
Le suivi des races de rouille jaune montre que la race Warrior est constituée en France de deux races : Warrior 1 et Warrior (-). La première dominait les populations de rouille jaune en 2011 et 2012 puis Warrior (-) est devenue dominante à partir de 2014 (figure 2).
A noter qu’en 2014, un isolat de la race KWS Sterling a été observé.
Figure 2 : Répartition des différentes races de rouille jaune rencontrées en France depuis 2011
En 2013, les deux races étaient présentes, Warrior-1 dominait, mais la fréquence des deux races n’est pas encore déterminée précisément.
Des pertes de résistance observées au champ
Sur le plan des comportements variétaux, l’arrivée des races Warrior coïncide avec des pertes plus ou moins marquées de résistance de quelques variétés : une première série de contournement a été observée dès 2012, puis une seconde en 2014 (tableau 1).
Longtemps complètement indemne, Apache est depuis 2 ans régulièrement observé avec des symptômes de rouille jaune, bien qu’il conserve un assez bon niveau de résistance.
Moyennement sensible depuis son inscription en 2012, Hyfi figurait parmi les variétés les plus sensibles en 2015 dans les parcelles d’essais. Cette perte de résistance s’était déjà amorcée en 2014.
Avec une cotation de 8, Lyrik était quasiment indemne à l’inscription en 2012. Il confirme en 2015 sa perte de résistance déjà observée en 2014.
Parmi les autres variétés observées plus régulièrement touchées en 2015 et à des niveaux plus élevés, on note Hystar, Oregrain et Bergamo.
Tableau 1 : Variétés de blé tendre ayant perdu 2 points ou plus de résistance à la rouille jaune depuis 2011 (liste établie parmi les variétés expérimentées dans le réseau d’essais en post-inscription depuis 2011)
A surveiller, Cellule est depuis 2 ans parfois un peu plus touché, y compris au stade adulte. Solehio est également à surveiller. Si son niveau de résistance sur feuilles se maintient à un bon niveau, il affiche en revanche des niveaux d’attaque plus élevés sur épis.
Enfin, sur Arezzo, Fructidor, Pakito, Rubisko et SY Moisson, les attaques restent modérées, malgré quelques symptômes parfois observés, y compris au stade adulte. Ces variétés conservent un très bon niveau de résistance en 2015.
Plus que jamais, il est préférable d’éviter les variétés sensibles en particulier dans le quart nord-ouest de la France où la pression rouille jaune est plus forte.
Les projets FSOV (2012-2015) PURE (programme européen PCRD7) ont financé l’étude sur l’évolution des races de rouille jaune.
Philippe DU CHEYRON (ARVALIS – Institut du végétal), Claude DE VALLAVIEILLE – POPE (INRA),Marc LECONTE (INRA)
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