Après une épidémie record de rouille jaune en 2014, tous les voyants viraient au « rouille » à la sortie de l’hiver 2015. Mais la déferlante jaune n’a finalement pas eu lieu. Les vents dominants seraient impliqués dans ce retournement de situation.
L’année 2014 a été marquée par l’épidémie de rouille jaune la plus importante de ces quinze dernières années, à la fois par les surfaces concernées, par l’intensité des attaques et leur impact sur le rendement. Pour 2015, on craignait à nouveau une forte épidémie, en raison de la présence de nombreuses repousses estivales, de semis parfois très précoces et d’un hiver peu marqué (températures relativement douces et pluviométries moyennes).
En pratique, sur blé, la rouille jaune s’est bien exprimée mais tardivement et les foyers sont restés peu importants, même sur certaines variétés sensibles.
Pas de rosée, pas de germination de spores
Pour expliquer ce scénario, les conditions climatiques du printemps moins favorables qu’en 2014 sont invoquées : le mois de février plus froid que la normale a retardé l’expression de la maladie et, par la suite, le temps souvent sec et venteux a fortement limité la présence de rosée indispensable à la germination des spores de rouilles.
Pour étayer cette dernière hypothèse, la force et le sens des vents dominants ont été analysés au travers des « roses de vent » entre le 1er mars et le 30 avril (figure 1).
La rose des vents 2015, très différente de 2014, met en évidence des vents dominants de Nord-Est avec une force relativement élevée. Or le vent en provenance du Nord-Est est un vent froid et sec qui nuit à la formation de la rosée d’autant plus qu’il est fort (effet d’homogénéisation).
Figure 1 : Distribution moyenne des directions du vent par groupes de vitesses
pour trois postes météo (Orly, Rouen et Lille), calcul sur la période mars/avril.
Les vents les plus forts sur la période mars/avril proviennent principalement
de la direction Nord-est sur les 3 postes météo en 2015.
Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)