L’Inra a publié les résultats du suivi des populations de rouille jaune en 2016. Si sur blé tendre la situation globale reste assez comparable à celle de 2015, deux nouvelles races très rares sur blé et une race fréquente sur triticale ont été détectées pour la première fois en France.
Les races de rouille jaune évoluent en fonction du paysage des variétés cultivées. C’est pour cette raison que des contournements de résistance variétale ont lieu régulièrement. Depuis l’apparition de la race Warrior, arrivée de manière massive et encore inexpliquée en Europe en 2011, les épidémies de rouille jaune sont plus fréquentes et plus nuisibles sur blé tendre, triticale et blé dur. Ces épidémies coïncident également avec des périodes climatiques favorables au développement épidémique, en particulier un hiver doux suivi d’un printemps favorable sans discontinuité comme en 2014. Les hivers doux permettent un développement épidémique très précoce sur des variétés au stade jeune et un nombre élevé de générations du parasite.
Les analyses moléculaires révèlent une diversité génétique plus importante des races de rouille jaune depuis ce changement de population. Les contournements de résistance variétale sont également plus nombreux depuis 2011.
Warrior (–) et Warrior 1 dominent toujours le paysage
Les résultats de l’enquête 2016 révèlent une tendance globale stable sur blé tendre. La race Warrior 1 demeure à une fréquence d’environ un quart de la population pathogène alors que la race dénommée Warrior -, qui n’attaque ni Warrior ni Ambition, est dominante (60 %). Ces résultats sont cohérents avec les classements assez stables observés dans les parcelles non traitées des essais variétés de blé tendre et de blé dur.
Trois nouvelles races détectées pour la première fois en 2016
- 3 isolats de la race Kranich ont été identifiés, dont 2 issus de la variété Oregrain. Apparue en même temps que Warrior 1 en 2011 en Scandinavie, et observée en Grande Bretagne depuis 2014, cette nouvelle race contourne la résistance Yr8 (contrairement aux races Warrior, et aux anciennes races européennes). Son profil génétique la rattache toutefois plutôt à la race Warrior 1 qu’aux anciennes races européennes. Cette apparition coïncide avec une diminution du niveau de résistance de la variété Oregrain en 2016, justifiant une dégradation de sa note de résistance de 6 à 4. Inscrite résistante en 2011 (avec une note de 8), Oregrain est aujourd’hui sensible à la rouille jaune. Mais cette coïncidence n’est pas une preuve démontrée à ce jour.
• 1 seul isolat, nommé variant de Warrior avec moins de virulences a été détecté sur Renan. Renan est aujourd’hui moyennement résistant à la rouille jaune (note de 5).
• La race « triticale 2015 », apparue en Scandinavie en 2015, a été identifiée pour la première fois en France en 2016. Représentant 60 % des isolats observés sur triticale, elle semble déjà majoritaire sur cette espèce. Le contournement le plus significatif a été relevé sur la variété Kereon, devenue sensible au stade jeune. L’épidémie semble néanmoins avoir eu du mal à se maintenir sur cette variété, dont la résistance adulte reste encore efficace.
Figure 1 : évolution des principales races de rouille jaune prélevées sur des variétés de blé tendre entre 2007 et 2016 en France
En vert les anciennes races européennes
En bleu, les races Warrior
En orange / rouge, les races triticale
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Source des données : INRA Bioger
Figure 2 : évolution des principales races de rouille jaune prélevées sur du triticale entre 2007 et 2016 en France
En vert les anciennes races européennes
En bleu, les races Warrior
En orange / rouge, les races triticale
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Source des données : INRA Bioger
Figure 3 : évolution des principales races de rouille jaune prélevées sur du blé dur entre 2012 et 2016 en France
En vert les anciennes races européennes
En bleu, les races Warrior
En orange / rouge, les races triticale
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Source des données : INRA Bioger
D’autres races à surveiller en Europe
Warrior (–) est dominante à travers l’Europe. Mais deux autres races sont décrites en Europe.
La première, identifiée sous le nom de Invicta aurait provoqué des contournements de résistance en Grande-Bretagne en 2016 d’après la publication anglaise United Kingdom Cereal Pathogen Virulence Survey 2016 Annual Report.
La seconde, Pst(new), est signalée en Sicile et au Danemark en 2016 sur le site www.wheatrust.org.
Rester vigilant en 2017
Grâce au travail des sélectionneurs, la majorité des variétés de blé tendre cultivées conserve un bon niveau de résistance à la rouille jaune. Dans le contexte actuel, il est fortement conseillé de choisir des variétés résistantes ou assez résistantes.
Mais la variabilité actuelle des races de rouille jaune en France et en Europe augmente les risques de contournement des résistances variétales. Il est donc recommandé de rester vigilant y compris avec les variétés notées résistantes ou assez résistantes. Les observations de foyers sporulants de rouille jaune sur des variétés notées résistantes (notées 7, 8 ou 9) doivent être signalées et des échantillons envoyés à l’INRA pour identification.
Téléchargez la fiche de prélèvement d’échantillon (pdf).
Téléchargez les échelles de sensibilité à la rouille jaune des variétés de céréales (blé tendre, blé dur et triticale) mises à jour en 2016.
Les projets FSOV (2012‐2015) PURE (programme européen PCRD7) ont financé l’étude sur l’évolution des races de rouille jaune.
Claude de Vallavieille-Pope, Marc Leconte (Inra Bioger)
Philippe du Cheyron (ARVALIS – Institut du végétal)
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