Retrouvez les résultats d’essais 2017 obtenus par les 35 partenaires du Réseau Performance, sur 13 zones céréalières, dans un contexte très modéré de septoriose.
La campagne 2016/2017 a été marquée par un printemps sec conduisant à une faible pression de septoriose, sauf en Bretagne et Normandie. Avec 49 essais mis en place, les résultats de 36 d’entre eux ont pu être exploités sur le volet rendement et 24 d’entre eux avec l’ensemble des informations (efficacités, rendements, analyses de résistance).
Pour chaque site d’expérimentation, il était possible de choisir entre trois spécialités à base de SDHI + triazole : Kardix, Elatus Era ou Librax. Les résultats sont donc présentés sous forme générique.
Une ou deux applications de chlorothalonil ?
En T1, 350 g/ha de chlorothalonil ont été appliqués avec Juventus 0,7 l/ha + Bravo 0,7 l/ha ou Joao 0,33 l/ha + Bravo 0,7 l/ha.
Sur 24 essais, l’ajout au T2 de 450 g de chlorothalonil sur une base Kardix 0,9 l/ha (16 essais), ou Elatus Era 0,8 l/ha (6 essais), ou Librax 1 l/ha (2 essais), n’apporte ni avantage technique, ni économique par rapport à un T2 avec triazole + SDHI solo (figure 1).
Dans le contexte de faible pression 2017, la présence d’un deuxième chlorothalonil en T2 est faiblement valorisée malgré un positionnement préventif du traitement. Et au final, le résultat économique est le même. Pour être précis, seuls 6 essais sur 24 présentent un écart significatif (+ 3,4 q/ha et + 4 points d’efficacité) en faveur de ce doublement de molécule.
Figure 1 : Efficacité sur septoriose et rendement des modalités du Réseau Performance
Prix du blé 14,5 €/q – 24 essais 2017 – Délai moyen T1/T2 : 24 j. – Date moyenne T2 : 15/05 – Phénotypes TriMR évolués + MDR : 35 % (TriMR évolués : 29 % – MDR : 6 %)
La modalité triazole + chlorothalonil au T1 puis triazole + SDHI au T2 est l’une des plus performantes (+ 25 points d’efficacité et + 3,6 q/ha S par rapport au programme triazole puis triazole).
Cependant, il n’y a pas d’erreur à appliquer du chlorothalonil une deuxième fois au T2, ce qui confirme les conclusions des années antérieures.
Dans cette série d’essais, l’ajout de chlorothalonil aux différents SDHI ne présente aucun effet négatif au T2, contrairement à certains résultats enregistrés en 2016 dans certaines situations très curatives.
Dans les régions les plus concernées par des populations résistantes de type MDR (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, Champagne), si l’ajout d’un chlorothalonil au T2 est retenu, il est recommandé d’intervenir dans des conditions préventives.
Un poids du T3 faible en 2017
Dans les 24 essais (sans rouille brune tardive), la contribution d’un troisième traitement à base de triazole et d’imidazole (Epopée 1,2 l/ha) est non significatif, + 0,5 q/ha en moyenne (figure 1).
Sur le regroupement plus important de 36 essais (résultats non présentés), le poids du T3 est proche d’un quintal, mais toujours non significatif. En rendement net, cette troisième intervention représente une « perte » économique de près d’un quintal (- 0,9 q/ha net, soit – 13 €/ha). Compte tenu des conditions climatiques sèches en avril et mai, ce troisième traitement n’avait en effet pas d’intérêt.
Les triazoles sont-ils encore indispensables au T1 ?
Sur un regroupement de 10 essais, un T1 à base de 750 g/ha de chlorothalonil seul obtient des résultats d’efficacité et de rendement proches, voire légèrement inférieurs à 350 g/ha de chlorothalonil associé à un triazole (metconazole ou prothioconazole) (figure 2).
Précisions les associations se composent de Juventus 0,7 + Bravo 0,7 l/ha (8 essais sur 10) ou Joao 0,33 + Bravo 0,7 (2 essais sur 10)
Figure 2 : Efficacité sur septoriose et rendement des modalités du Réseau Performance – 10 essais avec chlorothalonil solo au T1 – Délai moyen T1/T2 : 22 j – Date moyenne T2 : 17/05 – Phénotypes TriMR évolués + MDR : 35,5 % (TriMR évolués : 30 % – MDR : 5,5 %) – Prix du blé 14,5 €/q
Le chlorothalonil seul, solution très économique, peut donc s’envisager au T1 sur variété résistante à la rouille jaune. Compte tenu de la présence de souches de plus en plus résistantes aux IDM (ici 30 % de TriMR évoluées + 5,5 % de MDR), le programme à base exclusivement de triazoles (Juventus puis Joao) n’est pas mis en grande difficulté. Mais son efficacité moyenne reste inférieure à 60 %. Cela représente une efficacité et un rendement significativement plus faibles que les autres modalités, et en particulier, au programme chlorothalonil au T1 suivi d’un SDHI + triazole au T2.
Le « Réseau Performance » offre une certaine liberté dans le choix des modalités à tester. Les résultats présentés ici correspondent au tronc commun. Il n’est malheureusement pas possible de publier les résultats exhaustifs du « Réseau Performance » : une synthèse complète est disponible auprès des régionaux d’ARVALIS – Institut du végétal.
Jean Yves MAUFRAS (ARVALIS – Institut du végétal)
Gilles COULEAUD (ARVALIS – Institut du végétal)