Cette année encore, dans plusieurs régions, la septoriose apparaît soudainement et parfois de façon importante sur la F1, alors que la F2 est restée indemne. Une sortie de symptômes qui ne suit pas le gradient logique du bas vers le haut de la plante.
Ce phénomène apparaît régulièrement mais pas toujours dans les mêmes régions. La plupart du temps, il est relativement fugace : la F2, avec un certain retard, rattrape le niveau de symptômes observés sur la F1.
En reprenant l’historique des dernières campagnes, on constate que ce phénomène est présent les années où le climat est peu pluvieux en mars/avril pendant la montaison et que les pluies reviennent abondamment au début du mois de mai. Ce type de symptômes est alors observé la plupart du temps durant la première semaine de juin.
Généralement, ces années-là se caractérisent par une septoriose tardive dont l’importance reste modérée et l’impact sur les rendements le plus souvent moyen.
Il n’y a pas de région plus ciblée, ces symptômes atypiques ont été signalés de la région Centre aux Hauts-de-France, en Champagne et Île-de-France…
La septoriose peut « monter » parfois directement sur la dernière feuille (photo prise le 2 juin 2021 en région Centre). | On peut parfois observer des F1 plus attaquées que des F2. |
Comment expliquer qu’un même évènement contaminant conduise à des sorties de taches asynchrones ?
Deux hypothèses coexistent pour expliquer ces contaminations tardives avec des délais d’incubation rallongés par les températures fraîches pendant les pluies.
• Via la phase asexuée de la septoriose (Zymoseptoria tritici)
Une pluie chargée de pycnidiospores est venue contaminer simultanément les deux derniers étages foliaires supérieurs. La F1 recevant plus de lumière et de chaleur que la F2, sa durée d’incubation est vraisemblablement plus courte. Les symptômes, qui ne sont qu’une somme de températures depuis la date de contamination, apparaissent alors quelques jours plus tôt sur les tissus les plus jeunes.
• Via la phase sexuée du champignon (Mycosphaerella graminicola)
Des pics de production d’ascospores peuvent se produire au cours du printemps. Ainsi, même en l’absence de pluie, l’inoculum aérien provenant des ascospores et dispersé par le vent viendrait sur la F1, plus accessible.
Il est admis que les symptômes apparaissent plus vite après une contamination par des pycnidiospores (via une germination plus rapide) que par des ascospores. De fait, l’hypothèse d’une contamination par les ascospores suggère qu’elle est intervenue très en amont des pluies contaminatrices de la phase asexuée cette année via le vent.
Pour ma part, mes propres observations faites la semaine dernière dans les parcelles expérimentales montrent que le côté Ouest était le plus concerné par ce phénomène. Cela laisse supposer que les pluies ont un rôle important et que l’hypothèse des pycnidiospores est la plus probable ; à confirmer…