Endémique en France dans l’extrême Sud-Ouest, le sicyos a gagné la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie. De la famille des cucurbitacées, cette dicotylédone annuelle nécessite une attention particulière au vu de sa nuisibilité.
A l’âge adulte, le sicyos a l’aspect d’une liane qui peut atteindre plusieurs mètres. Cette liane est résistante et fortement lignifiée, difficile à briser. Sa vigueur germinative est très forte, la profondeur de levée peut dépasser 10 cm. Ses cotylédons sont très coriaces, peu perméables aux herbicides. La période de levée potentielle s’étale de mai à septembre, avec donc une possibilité de levées échelonnées dans des parcelles déjà très infestées. Comme pour beaucoup de dicotylédones, la durée de vie des graines se mesure en dizaines d’années.
Il est possible de confondre le sicyos avec la bryone, plante fréquemment présente dans les haies. Les feuilles avec une forte pilosité et la vrille fourchue (double ou triple) du sicyos sont deux critères de différenciation facilement observables. La bryone est vivace, le sicyos annuel.
Photo 1 : Ne pas confondre sicyos et bryone
Attention à la manipulation de cette plante, des poils, potentiellement urticants, sont présents sur l’ensemble de la plante. Le port des gants est conseillé.
Plusieurs voies de dissémination possibles
Le sicyos peut se disséminer via le matériel de travail du sol mais surtout de récolte. Il se propage également par le cours d’eau ou le fossé circulant, avec dépôt des grains dans les parcelles inondables.
La nuisibilité est totale, dans le sens où l’enchevêtrement des lianes avec le maïs rend la récolte impossible. Aujourd’hui, les entrepreneurs connaissent le problème, et ne se risquent plus à tenter le coup. Les lianes qui s’entourent autour des pièces rotatives de la machine entraînent au minimum un temps d’immobilisation important de celle-ci, voire de la casse.
Photo 2 : Lianes de sicyos enchevêtrées dans le maïs
Quelles méthodes de lutte ?
Compte tenu de l’enjeu, la présence d’une plante ressemblant au sicyos dans ou à proximité d’une parcelle doit interpeler. La destruction manuelle, mécanique ou chimique est fortement recommandée, même lorsque le nombre d’individus est réduit. En cas de récolte par entreprise, il faut surveiller particulièrement le début de chantier de la machine, là où des graines ou des fruits de sicyos provenant d’une autre parcelle peuvent tomber au sol. En cours de campagne, le plus important est de surveiller les zones les plus claires de la parcelle : fourrières, passages d’enrouleurs, et même le passage des roues de pivot !
En situation de parcelles déjà infestées, compte tenu de la capacité de cette plante à lever de manière échelonnée, un programme de lutte en deux passages au minimum est à mettre en place. Pour une liane, de plus souvent très solidement implantée, la lutte mécanique par binage, hormis sur des stades très jeunes, est peu adaptée. Pour une efficacité optimale des herbicides appliqués, privilégier le stade 2-4 feuilles vraies du sicyos. Il ne faut pas traiter sur une plante au stade cotylédons. Ceux-ci sont très épais et donc peu perméables aux produits. En situation déjà bien infestée, un troisième passage en dirigé doit être envisagé (à l’aide de pendillards ou d’un enjambeur). Du fait des trois passages, il y a évidemment un renchérissement nécessaire du coût du désherbage.
Tableau 1 : Quelques exemples de programmes à mettre en œuvre au moins la première année, voire deux années de suite
Les années suivantes, il faut rester sur deux traitements, en plein, lors de la prélevée et postlevée du maïs. Cependant, il est important de surveiller d’éventuelles levées en post-floraison. En fonction des conditions climatiques de l’année, il pourra s’avérer nécessaire d’intervenir à nouveau en dirigé.
Photo 3 : Sicyos en floraison
Photo 4 : Plantule de sicyos
Clémence ALIAGA (ARVALIS – Institut du végétal)
Aude CARRERA (ARVALIS – Institut du végétal)