Depuis une dizaine de jours, certaines parcelles de céréales jaunissent. S’il s’agit de jaunisse nanisante de l’orge (JNO), il n’y a aucun traitement à envisager.
Les jaunissements observés ne sont pas systématiquement imputables à la JNO : il est nécessaire d’avant tout de s’assurer de son diagnostic. Toutefois, une fois la plante infectée, il n’existe aucune technique de lutte contre cette maladie virale. La lutte doit s’envisager en amont contre le vecteur du virus : les pucerons.
Des conditions climatiques favorables à l’automne
Les pucerons présents à l’automne (essentiellement Rhopalosiphum padi, mais aussiMetopolophium) peuvent transmettre des virus (le plus répandu : BYDV : Barley yellow Dwarf Virus) responsables de la Jaunisse Nanisante de l’Orge.
Cette année, les pucerons avaient été signalés en faible quantité à l’automne, mais l’hiver a été particulièrement doux permettant aux insectes de se maintenir plusieurs semaines dans les parcelles. La vigilance à l’automne avait d’ailleurs porté sur ce critère (temps de présence de plus de 10 jours), plus que sur la quantité de pucerons (seuil de plus de 10 % de plantes infestées).
Reconnaître les symptômes de JNO
Sans surprise, les cas avérés de symptômes de JNO concernent des situations à risque avec des parcelles semées très tôt (fin septembre, début octobre), sans protection de semences ni intervention en végétation, localisées souvent en bordure de bois, de haies ou à proximité de repousses …
Les premiers symptômes apparaissent par petits foyers de plantes atteintes par un jaunissement débutant à l’extrémité des feuilles. Sur orge, les symptômes sont généralement observés début montaison en petits foyers. Les pointes des feuilles des plantes atteintes jaunissent jusqu’au dessèchement. Les plantes sont nanifiées (aspect moutonné de la parcelle) et peuvent même disparaître. Sur blé, les symptômes sont plus tardifs : végétation chétive sans tallage excessif, jaunissement des feuilles avec rougissement des jeunes feuilles et, à épiaison, couleur lie de vin /jaune de la dernière feuille (feuille drapeau).
Photo 1 : Foyers de jaunisse sur orge
Photo 2 : Jaunissement et rougissement de la pointe des jeunes feuilles sur blé
Attention à ne pas confondre avec d’autres symptômes (maladie des pieds chétifs, carences…). Une analyse virologique peut confirmer le diagnostic. L’analyse peut être réalisée jusqu’à des stades tardifs, à condition de pouvoir disposer de feuilles vertes. Des carences en manganèse ont pu également être signalées cette année (hiver doux sans gel, sol soufflé…).
Quelles conséquences ?
Suite à de fortes attaques de pucerons virulifères, la perte de rendement peut être très variable : de faible en cas d’attaques tardives à très forte en cas de multiples foyers dans la parcelle (jusqu’à 40 q/ha). Les plantes infectées sont alors généralement moins résistantes à d’autres stress (piétin échaudage, froid…) et les dégâts peuvent être accentués si des à-coups climatiques surviennent durant d’hiver ou en début de printemps. Les dernières années marquantes sont 1976, 1988, 1994, 1997 et plus récemment 2007, 2014 pour la région.
Une fois la plante infectée, il n’existe aucune technique de lutte contre cette maladie virale. Pour les cultures d’hiver, il n’y a maintenant plus rien à faire. Par contre, la vigilance reste de mise pour les orges de printemps.
De manière générale, la lutte doit s’envisager en amont contre le vecteur du virus : les pucerons. De manière préventive, il faudra éviter les semis précoces, détruire les repousses de céréales… Les traitements de semences sont efficaces jusqu’au stade 5 feuilles environ et se justifient particulièrement pour les semis précoces.
Anne-Sophie COLART, Thierry DENIS, Elodie GAGLIARDI (ARVALIS – Institut du végétal)
Mots-clés: