Nous poursuivons notre revue des postes de charges opérationnelles à optimiser dans une conduite économe mais performante des céréales. En matière de traitements de semences, l’essentiel est de bien identifier les situations à risques avant de s’en passer. Les pertes peuvent parfois être considérables !
Les traitements de semences permettent une protection efficace contre de nombreux bioagresseurs. Leur valorisation optimale nécessite de bien identifier les risques liés à la semence, à l’historique parcellaire et à l’itinéraire cultural (date de semis notamment).
Une solution incontournable vis-à-vis des maladies charbonneuses
La protection fongicide des semences reste incontournable contre certaines maladies très dommageables et pour lesquelles il n’existe aucun moyen de lutte en végétation. C’est le cas de la carie commune du blé : ne pas traiter les semences contre cette maladie en l’absence d’analyse sanitaire, c’est non seulement prendre un risque sur la commercialisation de la récolte future mais également mettre en danger le statut sanitaire de la parcelle (et de ses voisines) du fait de la dissémination des spores à la récolte et de leur forte longévité.
Cette protection contre la carie permet en outre de lutter contre d’autres pathogènes des semences, comme Fusarium graminearum et Microdochium spp., responsables de manques à la levée et de fontes de semis. Un triage sévère des semences permet d’éliminer des petits grains fusariés, mais un test de germination restera nécessaire avant le semis pour valider l’emploi d’un traitement fongicide ou recourir à un nouveau lot de semences.
D’autres possibilités parfois plus hasardeuses contre les pucerons
Du côté de la protection insecticide, certains itinéraires techniques peuvent permettre de réduire l’exposition aux ravageurs. Vis-à-vis des pucerons et cicadelles vecteurs de viroses (JNO, maladie des pieds chétifs), il est possible d’intervenir en végétation (pyréthrinoïdes). Mais la mise en œuvre de cette lutte nécessite un suivi assidu, prolongé et rapproché à la parcelle pour rechercher les infestations, très variables d’une parcelle à l’autre, et réaliser le traitement au bon moment. Un mauvais positionnement du traitement en végétation, trop précoce ou trop tardif, entraîne une baisse voire une absence d’efficacité, notamment lors d’automne particulièrement favorable aux pucerons (comme en 2015). Les conditions climatiques ou de portance du sol peuvent conduire à différer l’intervention et de ce fait en pénaliser l’efficacité.
Quand les conditions restent favorables aux insectes, des traitements insecticides successifs sont nécessaires compte tenu de l’absence de protection sur les nouvelles feuilles formées après le premier traitement et de la persistance d’action limitée des produits sur les feuilles traitées. Dans les situations à risques, notamment dans le cas d’un semis précoce ou d’un semis d’orge, le traitement des semences avec un insecticide systémique (imidaclopride) apporte une protection efficace vis-à-vis des pucerons jusqu’à 4-5 feuilles environ. Il protège également les jeunes cultures contre les cicadelles et certains ravageurs du sol (taupins et le zabre des céréales).
Les enjeux en chiffres
- Conduite :impasse de traitement des semences en situations à risque
• Risque : moyen à très élevé (de 10 q/ha à la totalité de la récolte)
• Economie en produits phytos : faible (de 0 à 30 €/ha)Ne pas traiter les semences dans des situations à risque, c’est s’exposer à des pertes de rendement (ou de revenu dans le cas de récolte cariée) substantielles, pour des économies d’intrants relativement faibles ! Ceci d’autant plus qu’hormis le traitement spécifique piétin échaudage, les autres spécialités disponibles sont multicibles.
Nathalie ROBIN (ARVALIS – Institut du végétal)
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