La baisse de près de 18 % des surfaces cultivées en triticale depuis 2012 s’explique en partie par des variétés devenues sensibles aux maladies et peu renouvelées. 2017 s’enrichit toutefois de trois inscriptions présentant une bonne résistance aux principales maladies foliaires.
Après avoir dépassé les 400 000 ha en 2012, le triticale a connu une baisse sensible de ses surfaces qui ont atteint 330 000 ha en 2017. Les contournements successifs de l’oïdium et de la rouille jaune et le manque de nouvelles variétés résistantes ont pénalisé l’espèce. Avec trois inscriptions en 2015, cinq en 2016 et trois en 2017, les agriculteurs auront davantage le choix.
Les variétés de référence
Kereon présente des résultats dans la moyenne(1). Son PS est bon mais sa teneur en protéines est assez faible. Le comportement de cette variété demi-précoce face aux maladies est globalement bon, avec des faibles écarts de rendement T-NT, mais contrasté. En 2016, elle a ainsi montré une forte sensibilité à la rouille jaune en début montaison, qui s’est ensuite fortement atténuée, et à la rhynchosporiose.
Variété précoce en tête du regroupement 2016, KWS Fido confirme le bon potentiel enregistré depuis trois ans. Son PS est bon, mais sa teneur en protéines est assez faible. Elle présente une forte sensibilité au risque de présence de mycotoxines (DON), à l’oïdium et aux rouilles. Elle est également sensible à la verse.
La productivité de Tribeca reste dans la moyenne mais son PS est assez faible et sa teneur en protéines, faible. Cette variété précoce est sensible à la germination sur pied (note GEVES 2). Elle est peu sensible aux rouilles mais montre une sensibilité à l’oïdium et à la rhynchosporiose.
Avec un potentiel à 96 % des variétés témoin, Vuka est désormais en retrait. Cette variété demi-précoce présente toutefois une bonne qualité globale avec un bon PS et une très bonne teneur en protéines. Elle montre une très bonne résistance à la rouille jaune et à la rhynchosporiose, mais une très forte sensibilité à l’oïdium depuis 2016, souvent difficile à maîtriser, et à la rouille brune. En revanche, elle présente la meilleure tenue à la verse du réseau.
Trois variétés récentes performantes
Les variétés Anagram, Elicsir et Jokari, testées depuis deux ans, présentent de sérieux atouts agronomiques. Elles offrent une alternative intéressante dans un contexte marqué par l’évolution très rapide des sensibilités aux maladies sur les variétés plus anciennes.
Avec un potentiel dans la moyenne, Anagram est doté de bons critères qualitatifs associant le meilleur PS du réseau à une bonne teneur en protéines. Cette variété demi-précoce montre une sensibilité à l’oïdium, mais une bonne résistance aux rouilles. Elle est toutefois sensible à la verse.
Elicsir présente un potentiel légèrement en retrait à 97 % des témoins, un bon PS et une teneur en protéines dans la moyenne. Variété demi-précoce à demi-tardive, elle montre une très bonne résistance globale à l’ensemble des maladies et une bonne résistance à la verse.
Variété européenne, Jokari a un potentiel proche de la moyenne mais de très bons critères qualitatifs alliant un très bon PS à une bonne teneur en protéines. Cette variété très précoce montre une très bonne résistance à la rouille jaune. En revanche, elle est assez sensible à la rouille brune, et moyennement sensible à l’oïdium.
Mazur a présenté des résultats corrects dans nos essais en 2015, mais cette variété européenne a déçu dans notre réseau en 2016, à 97 % des témoins. Précoce, elle montre une très forte sensibilité à la rouille jaune et une forte sensibilité à la verse.
Cinq variétés nouvelles testées en 2016
Pour cette première année d’expérimentation, Bikini présente un très bon potentiel, à 105 % des variétés témoins, allié à un bon PS et à une très bonne teneur en protéines. Cette variété très précoce montre une bonne résistance globale aux maladies et, notamment, à la rouille jaune ; en revanche elle est assez sensible à l’oïdium et à la rouille brune. Elle a une bonne résistance à la verse.
Cedrico a montré un assez faible potentiel (97 % des témoins). Ses critères qualitatifs (PS, protéines) sont aussi en retrait. Variété demi-tardive assez sensible à l’oïdium et à la rouille jaune, elle montre, en revanche, une très bonne résistance à la verse.
À 102 % des variétés témoins, RGT Eleac présente un bon potentiel. Son faible PS constitue son principal point faible (-3,2 points par rapport à la moyenne générale). Notons sa bonne résistance à la rouille jaune, mais une sensibilité à la verse ainsi qu’à l’oïdium – à surveiller.
RGT Ruminac montre une productivité et des critères qualitatifs (PS, protéines) dans la moyenne, mais elle présente une forte sensibilité à la germination sur pied (note GEVES 2). Cette variété demi-précoce à demi-tardive montre une très bonne résistance globale aux maladies, aux rouilles et à l’oïdium en particulier. Elle est sensible à la verse.
À 95 % des variétés témoins, Riparo, variété européenne, présente un potentiel en retrait, avec un bon PS mais une faible teneur en protéines. Cette variété demi-précoce montre une assez forte sensibilité à la rouille jaune et à l’oïdium, mais une bonne résistance à la verse.
Des inscriptions 2017 plus résistantes aux maladies foliaires
Triticale précoce à épiaison, RGT Omeac apporte rendement, résistance aux maladies et qualité de grains. La variété arrive en tête de sa promotion en productivité (6 % au-dessus de Tribeca(2)). Elle a présenté de bons niveaux de résistance à l’oïdium et surtout à la rouille jaune, mais quelques symptômes de rhynchosporiose et de rouille brune. Sa tenue de tige est correcte. Enfin, ses PS et ses teneurs en protéines sont très élevés.
Demi-tardive à demi-précoce, Kasyno présente une assez bonne productivité, 1 % au-dessus de Tribeca. Malgré quelques symptômes d’oïdium et de rhynchosporiose, la variété présente un bon niveau de résistance aux maladies foliaires comme en témoignent ses faibles pertes de rendement dans les parcelles non traitées. De plus sa tenue de tige est bonne, et ses PS et teneurs en protéines sont assez élevés.
Demi-tardif à demi-précoce, Temuco affiche un gain de 2 % de rendement par rapport à Tribeca. Très résistant à l’oïdium et assez résistant à la rouille jaune et à la rhynchosporiose, ses écarts de rendements traités moins non traités restent faibles. Sa tenue de tige est bonne. Ses teneurs en protéines sont dans la moyenne des variétés de son niveau de productivité, mais ses PS sont un peu faibles.
(1) Moyenne sur 4 ans.
(2) En moyenne sur 2 ans.
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Philippe DU CHEYRON, Eric MASSON (ARVALIS – Institut du végétal)
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