Une méthode pour limiter le risque de sous-fertilisation sur orge d’hiver

orge_hiver_epi_1_cmDepuis quelques années, la fertilisation azotée de l’orge d’hiver se révèle limitante pour satisfaire ses besoins en azote. Pour y remédier, ARVALIS – Institut du végétal et Yara proposent dès cette année une mise en œuvre spécifique de l’outil de pilotage N-Tester sur cette culture.

Les enquêtes « pratiques culturales » montrent que la dose totale d’azote appliquée sur orge d’hiver a baissé de 10 kg N/ha depuis le début des années 2000, alors qu’en tendance le rendement augmente légèrement. Par ailleurs, les expérimentations montrent que les doses trop faibles pratiquées sont surtout liées à une sous-estimation de l’objectif de rendement, conséquence d’une méconnaissance des progrès génétiques importants sur cette espèce au cours des 10 dernières années. De fait, la teneur en protéines subit sur la même période une baisse tendancielle et se situe depuis 3 campagnes en dessous de 10 % dans de nombreuses régions. Néanmoins, les essais azote conduits sur cette espèce montrent qu’à l’optimum d’azote, la teneur en protéines avoisine 10,5 % et que des teneurs inférieures révèlent une déficience en azote qui peut être à l’origine de pertes de production.

Un diagnostic au stade 2 nœuds…

C’est dans ce contexte qu’ARVALIS – Institut du végétal propose dès cette année une mise en œuvre spécifique de l’outil de pilotage N-Tester pour limiter le nombre de situations sous-fertilisées.

Cette méthode est analogue à celle proposée sur l’orge de printemps depuis plus de 10 ans : diagnostic de nutrition azotée réalisé sur la base d’une zone surfertilisée.

Le N-Tester sera utilisé uniquement au stade 2 nœuds de la culture, comme outil de contrôle pour vérifier si la dose prévisionnelle apportée classiquement en 2 apports (au tallage et au stade épi 1 cm) est suffisante pour satisfaire les besoins de la culture. Elle propose alors un éventuel apport complémentaire (de 40 kg N/ha) au stade 2 nœuds lorsqu’une carence significative est détectée.

… pour un ajustement mais pas de mise en réserve

Contrairement à la méthode N-Tester sur blé tendre, aucune mise en réserve d’azote n’est réalisée. La dose prévisionnelle étant limitante dans une majorité de situations, une mise en réserve de 40 kg N/ha conduirait à un apport trop faible au stade épi 1 cm susceptible de pénaliser la culture. Par ailleurs, mettre en réserve 40 kg N/ha suppose de pouvoir en apporter jusqu’à 80 courant montaison pour s’ajuster aux besoins en cas de dose prévisionnelle trop faible. Or les effets de ce type de fractionnement sur le rendement et la teneur en protéines ne sont encore pas suffisamment quantifiés pour préconiser de tels apports.

Une méthode validée par des essais en 2014 et 2015

L’institut expérimente l’utilisation du N-Tester pour le pilotage de la fertilisation azotée depuis le début des années 2000. 13 essais mis en place sur orge d’hiver entre 1999 et 2002 (principalement sur les variétés Estérel et Sunrise) ont permis de valider l’utilisation de cette méthode comme outil de contrôle de la dose d’azote apportée. Mais cette méthode n’a pas été développée étant donné le peu d’intérêt manifesté à l’époque pour le pilotage de la fertilisation azotée sur orge d’hiver.

Un réseau expérimental a de nouveau été mis en place sur cette problématique en 2014. Avec 13 essais sur les campagnes 2014 et 2015, ARVALIS confirme la pertinence de la méthode. Ce panel d’essais permet de valider une méthode de pilotage sur les orges d’hiver fourragères et brassicoles en vue de corriger des situations sous fertilisées et de la proposer dès maintenant pour répondre aux demandes des producteurs et de la filière brassicole.

Ainsi, dès ce printemps, l’utilisation du N-Tester est proposée sur les orges d’hiver selon la méthode Extra qui permet de s’affranchir en grande partie de l’effet variétal sur la valeur de la mesure.

Comment utiliser N-Tester sur orge d’hiver ?

Concrètement l’utilisation de la méthode sur orge d’hiver passe par la mise en place d’une zone sur-fertilisée de 100 kg N/ha (étalon surfertilisé) au moment de l’apport du stade épi 1 cm. La mesure N-Tester réalisée sur le reste de la parcelle est alors interprétée en référence à la valeur de l’étalon (indice N tester). Un conseil de dose sera délivré sur le site N-Tester de Yara et selon l’indice, celle-ci pourra varier entre 0 et 40 kg N/ha.

A moyen terme, ARVALIS – Institut du végétal et Yara envisagent de proposer une méthode de pilotage de la fertilisation azotée des orges d’hiver, avec N-Tester, analogue à celle que l’on connaît sur blé.

Alain BOUTHIER (ARVALIS – Institut du végétal), Aurore SPITZ (ARVALIS – Institut du végétal)

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