Eclater les grains au moment de la récolte du maïs fourrage permet d’améliorer leur digestion par les ruminants. La méthode dite de « la bassine » permet d’avoir une vision plus précise du niveau d’éclatement des grains et de procéder à des modifications de réglages des rouleaux éclateurs si besoin.
À la récolte, au stade optimal de 32-33 % MS plante entière, le grain de maïs contient déjà une part d’amidon vitreux de l’ordre de 30 à 50 % qui donne au grain son caractère dur. Les grains nécessitent donc d’être fractionnés pour être digestibles par les animaux. C’est le rôle des rouleaux éclateurs de l’ensileuse. Le plus souvent, les éclateurs sont constitués de deux rouleaux cannelés qui se font face. Sur les ensileuses récentes, l’écartement entre rouleaux éclateurs est réglable depuis la cabine de la machine. Pour renforcer leur action d’éclatement, un différentiel de vitesse est appliqué aux deux rouleaux. Il est bien souvent compris entre 20 et 30 %, mais peut atteindre 40 %. Ce différentiel exerce une action de cisaillement sur les particules de fourrage afin d’en réduire la taille. Des éclateurs efficaces ne doivent laisser passer aucun grain intact : tous les grains doivent être éclatés pour éviter de les retrouver, non digérés, dans les bouses.
Une bassine remplie d’eau suffit !
Il est très difficile, même pour une personne aguerrie, de vérifier le bon éclatement du grain dans une ou plusieurs poignées de maïs fourrage. Pour un diagnostic rapide le jour du chantier d’ensilage, le « test de la bassine » est une méthode simple et efficace. Il s’agit de séparer les tiges et les feuilles en plongeant un échantillon de maïs fourrage d’environ 2 litres dans un seau rempli d’eau. Sur du fourrage vert le jour de la récolte, les tiges et feuilles surnagent et peuvent être facilement retirées. Une fois l’eau soigneusement vidée, il ne reste quasiment plus que les grains. Cette méthode permet d’avoir une vision plus précise du niveau d’éclatement des grains et de procéder à des modifications de réglages des rouleaux éclateurs si besoin.
Figure 1 : Méthode de la bassine : pour juger plus objectivement l’éclatement des grains
Test de la bassine. Versez 1 à 2 litres d’ensilage dans une bassine d’eau, brassez et attendez quelques instants que les fragments de grain sombrent au fond. Éliminez les fragments de feuilles qui surnagent, puis l’eau. Recueillez et examinez la taille des grains éclatés.
Tableau 1 : Principaux paramètres qui jouent sur l’éclatement du grain
Une méthode de laboratoire plus précise
Outre-Atlantique, la mesure du Corn Silage Processing Score (CSPS) a été développée depuis 2005. Cette méthode est désormais proposée par quelques laboratoires d’analyse de fourrages en France. Elle permet de juger la qualité de l’éclatement des grains de manière plus précise. Pour ce faire, une masse connue de maïs fourrage séché est tamisé agressivement avec un tamis à maille carrée de 4,75 mm de côté. La teneur en amidon des différentes fractions est ensuite dosée. Le niveau d’éclatement des grains est jugé satisfaisant lorsqu’au moins 70 % de l’amidon total de l’échantillon est contenu dans la fraction des particules calibrées à 4,75 mm. Ce taux correspond à moins de 3 % d’amidon dans les bouses.
Les éléments de connaissance disponibles aujourd’hui indiquent qu’il est nécessaire d’éclater les grains en 4 afin d’assurer leur digestion complète par les ruminants. Mais l’éclatement n’est pas le seul paramètre qui influe sur la digestibilité de l’amidon. On peut notamment citer le stade de récolte et la durée de conservation en silo. Une récolte tardive pénalise la dégradabilité de l’amidon alors qu’au contraire, la durée de stockage l’améliore. Pour préciser les enjeux associés à ces différents facteurs et leurs interactions, des essais sont actuellement en cours.
Anthony UIJTTEWAAL (ARVALIS – Institut du végétal)