Les orages de la semaine dernière, accompagnés localement de coups de vent violents, ont provoqué des dégâts de verse sur maïs, parfois très spectaculaires, notamment dans le Sud-Ouest et en Auvergne. Comment expliquer ce phénomène ? Le maïs a-t-il la capacité à se redresser ? Le potentiel de rendement est-il déjà amputé ?
La forte humidité du sol, un facteur favorable à la verse
Les pluies significatives apportées par la dépression qui a traversé la France ont facilité la chute des plantes en réduisant l’efficacité de l’ancrage racinaire. Le sol, plus souple, maintient moins bien la base de la plante qui finit par se pencher voire chuter complètement sous l’effet d’un vent fort et/ou prolongé (photo 1). Dans le cas de vent violent, la plante peut casser à la base (snaping).
En parallèle, la surdensité de plantes ou la présence de certains ravageurs peut également affaiblir le système racinaire et faciliter la chute des plantes.
Le stade de développement, un élément clef dans la sensibilité
La verse est le résultat de forces exercées par le vent et/ou la pluie sur le couvert ; la hauteur des plantes intervient fortement dans l’intensité de ces forces. C’est ainsi que les stades précoces sont facilement épargnés par ce phénomène. La sensibilité va devenir de plus en plus importante pendant les premières phases de développement, et tout particulièrement tant que les racines coronaires ne sont pas ou peu développées. Leur rôle est essentiel dans l’ancrage des plantes et la résistance à la verse. Les plantes qui ont atteint la floraison fin juin ont donc en général été moins touchées par les intempéries.
Le maïs possède une grande capacité à se redresser surtout pour une verse précoce avant floraison
En phase de croissance, le maïs est sujet au phototropisme. De ce fait, en cas de verse, il va, en quelques jours, reprendre une croissance verticale pour retrouver une interception optimale du rayonnement (photo 2).
Mais le niveau de redressement va dépendre du stade de la plante au moment du coup de vent (photo 3).
Une plante proche de la floraison, qui aura terminé l’allongement de ses entre-nœuds, aura plus de difficultés à retrouver un port vertical voire restera couchée. Pour une plante ayant subi une verse précoce (deuxième plante en partant de la gauche sur la photo 3, verse au stade 12 feuilles), l’allongement des entre-nœuds va se poursuivre après l’accident et redonnera une tenue verticale.
Quel impact sur le rendement ?
Il est difficile de prédire l’impact de la verse sur le rendement en raison du caractère parfois hétérogène à la parcelle.
Si les plantes sont dans un angle entre 45 et 90° par rapport au sol, les pertes seront les moins importantes, allant de quelques % à plus de 10 %, du fait d’un accès à la lumière restreint. Si elles sont entre 20 et 45° et désouchées ou à un stade floraison ou post-floraison, les pertes seront supérieures, avec un accès à la lumière fortement limité voire un défaut d’alimentation lié à la casse racinaire.
Dans tous les cas de figure, arrivé au stade récolte, il faudra aussi intégrer la difficulté de battage de la parcelle dans l’impact différé de cet accident.
Dans le scénario où les plantes sont sectionnées en dessous de l’apex (risque à partir du stade 10-12 feuilles) sur toute la parcelle, cela induit une absence d’épi et donc de rendement.
Brigitte ESCALE, Gilles ESPAGNOL, Yann FLODROPS, Laurent MAUNAS (ARVALIS – Institut du végétal)
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