En blé dur, la gestion du ray-grass est d’autant plus problématique que le nombre de spécialités racinaires disponibles est limité pour des raisons de sélectivité. Dans les essais réalisés à l’automne 2018, aucune modalité de passage unique à l’automne, en prélevée ou en postlevée, n’obtient 100 % d’efficacité. Mais les efficacités en prélevée s’avèrent plus régulières. Il est donc primordial, sur cette culture, d’utiliser les différents leviers agronomiques disponibles pour gérer les graminées.
Les leviers agronomiques efficaces sur ray-grass sont l’inclusion de cultures d’été dans la rotation afin d’alterner les périodes de levées, le décalage de la date de semis, le labour occasionnel ou les faux-semis. L’utilisation d’un récupérateur de menues pailles peut également aider à réduire le stock semencier en récoltant les graines de ray-grass restées sur les épis à maturité.
Pendant la campagne 2018/2019, trois essais herbicides ont été mis en place sur blé dur mais un seul (dans l’Aube) a permis d’obtenir des résultats exploitables, avec 54 ray-grass/m².
En prélevée
En prélevée, l’efficacité moyenne, toutes modalités confondues, est de 75 %, soit une bonne performance globale. On observe cependant de fortes disparités, avec un niveau proche de 50 % pour Sunfire (180 g de flufénacet solo) et plus de 96 % pour l’association Trinity 2 l + Défi 2 l.
Trooper est intéressant avec 87,5 % d’efficacité. Par contre, rajouter 100 g de diflufénicanil (DFF) ne compense pas la baisse de dose puisque le mélange Trooper 2 l + Compil 0,2 l plafonne à 70 %.
L’association du chlortoluron à 180 g de flufénacet (Sunfire 0,36 l) apporte un gain de 22,5 points par rapport au flufénacet solo.
Figure 1 : Efficacité des applications de prélevée sur blé dur (1 essai ray-grass 2018/2019)
En pluriannuel sur deux ans (figure 2), le flufénacet solo à 180 g atteint une efficacité proche de 60 %. Quant à l’association à base de flufénacet, elle affiche un niveau avoisinant 70 %. Comme en 2019, elle est proche du niveau d’efficacité de Trooper à 2,5 l. Trinity 2 l + Défi 2 l s’avère être la modalité la plus homogène et la plus efficace.
Figure 2 : Synthèse 2017/2018- 2018/2019 des applications de prélevée sur blé dur (4 essais ray-grass)
En pluriannuel sur trois ans (figure 3), l’efficacité de Défi 3 l est très variable, avec en moyenne un niveau proche de 55 %. L’association du 2 l de Trinity à une dose réduite de Défi permet un gain d’efficacité moyen de 22 points et assure moins de variabilité. A l’exception de l’essai de Marguerittes (30) très infesté et appliqué dans le sec, les efficacités dépassent 65 % et même 90 % dans quatre des essais.
Figure 3 : Synthèse 2016/2017 – 2017/2018- 2018/2019 de deux applications de prélevée sur blé dur (6 essais ray-grass)
En postlevée
Les produits testés en postlevée (1-2 feuilles) à l’automne 2018 présentent des efficacités proches, entre 72 et 75 %.
Figure 4 : Efficacité des applications de postlevée sur blé dur (1 essai ray-grass 2019)
En pluriannuel sur trois ans, on retrouve trois des produits testés en 2018/2019, mis à part Battle Delta à 0,4 l.
Avec 1500 g de chlortoluron, Tolurgan affiche une efficacité de 61 %. Défi à 3 l (2400 g de prosulfocarbe) est en retrait d’une dizaine de points (53 %). Xinia obtient une moyenne intermédiaire de 57 %. Ces trois solutions ont toutes un niveau d’efficacité très variable, notamment en comparaison à une association comme Trinity + Défi en prélevée.
Figure 5 : Synthèse 2016/2017 – 2017/2018- 2018/2019 des applications de postlevée sur blé dur (1-2F, 6 essais ray-grass)
Ludovic BONIN (ARVALIS – Institut du végétal)