Deux ans d’essais ont confirmé que plus un travail du sol est fin et rappuyé, plus il provoque de levées de ray-grass. Ceci est vrai à l’interculture lors de la réalisation de faux-semis, mais aussi lors du semis de la culture. Limiter le bouleversement du sol lors du semis de blé permet donc de limiter les levées de ray-grass.
Les essais, conduits à Crestot (27) en 2014 et 2015, comparent deux possibiltés de faux-semis (travail profond seul ou travail profond + travail superficiel affiné) et deux techniques de semis (semoir à disques seul ou combiné à un outil de préparation du sol). Le déchaumage est réalisé pendant la première quinzaine de septembre, pour un semis mi-octobre à fin octobre, précédé d’un glyphosate au moins deux jours avant.
Privilégier un travail fin pour réussir les faux-semis
Un déchaumage profond (10 cm), est réalisé sur toutes les modalités à l’aide d’un déchaumeur à disque indépendant (2014) ou d’un outil à dents (2015). Dans les modalités avec déchaumage superficiel (5 cm), une herse rotative est combinée au déchaumeur. Dans ce cas-là, le nombre de ray-grass levés un mois après le déchaumage est 1,7 à 2,9 fois plus élevé que lorsque seul un déchaumage profond est réalisé (figure 1). La réalisation d’un travail fin et superficiel permet donc de faire lever significativement plus de ray-grass à l’interculture. Cependant, ce plus fort déstockage n’a pas permis de limiter les levées dans la culture suivante. En effet, le stock semencier étant élevé (de 1000 à 5000 graines par m² dans un sol propre ; plus de 10 000 dans une parcelle sale), il faut répéter les déstockages sur plusieurs années consécutives tout en limitant les grenaisons pour pouvoir observer un impact dans les cultures.
Figure 1 : Nombre de ray-grass par m² levé en interculture en fonction du type de déchaumage réalisé lors du faux-semis
Comptage effectué un mois après le faux-semis
Ces résultats confirment ceux obtenus en 2007 et 2008 à Boigneville (91) qui avaient mis en évidence l’intérêt de réaliser un faux-semis très superficiel pour faire lever les repousses de blé et le ray-grass à l’interculture. Et aucune différence entre les techniques de déchaumage sur la densité de ray-grass en culture n’avait également pu être mise en évidence dès la première année de déstockage.
Une préparation fine au semis augmente les levées de ray-grass dans la culture
Quel que soit le type de faux-semis effectué, l’utilisation d’un outil de préparation du sol (déchaumeur à disque indépendant ou herse rotative) combiné au semis provoque significativement plus de levée de ray-grass par rapport à un semis sans reprise. En effet, la préparation du lit de semence aère le sol, ce qui stimule la germination du ray-grass, et crée une structure favorable aux levées. Ainsi, limiter le travail du sol lors du semis a permis de diminuer les levées de ray-grass en sortie d’hiver de 40 % en 2014 et 67 % en 2015 dans les zones non désherbées (figure 2).
A noter toutefois qu’en semis direct, l’implantation du blé est moins bonne et que davantage de phénomènes de phytotoxicité liés aux herbicides ont été observés (semis moins régulier, trace des passages de roues avec graines en surface…).
Figure 2 : Nombre de ray-grass par m² levé dans le blé tendre en fonction des types de faux-semis et de semis
Comptage réalisé en sortie d’hiver sur le témoin non désherbé
Là aussi, les résultats confirment ceux obtenus en 2007 et 2008 à Boigneville. Dans ces essais, l’utilisation d’un semoir à disques de type semis direct (Semeato TDNG) avait permis de réduire les levées de ray-grass de 50 % par rapport à un semis réalisé au Horsch Sème Exact qui travaille le sol sur toute la surface.
Réduire le bouleversement du sol au semis apparaîtrait donc comme un levier complémentaire de gestion du ray-grass. En réduisant la densité d’adventices avant un désherbage chimique, on se place dans une situation plus favorable à la réussite de ce traitement.
Pas d’écart significatif après désherbage
Cependant, les différences de densité de ray-grass en sortie d’hiver en fonction du semoir utilisé sont moins visibles dans les zones désherbées où les densités de ray-grass sont bien moindres (figure 3).
Figure 3 : Nombre de ray-grass par m² levé dans le blé tendre en fonction du type de faux-semis et de semis
Comptage réalisé en sortie d’hiver sur les parcelles désherbées
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cet écart non significatif dans les parcelles désherbées :
• L’efficacité des herbicides racinaires est plus réduite après un semis sans reprise du lit de semence, bien qu’il y ait eu un déchaumage auparavant. Ceci peut être due à la présence de mottes ; c’est le cas de la pendiméthaline par exemple, ou de résidus (flufénacet, urée substituées).
• Le travail du sol lors du semis provoque des levées plus groupées, donc plus facile à contrôler chimiquement car les adventices sont, majoritairement, à un stade sensible pour l’herbicide.
Clémence ALIAGA, Pascale METAIS (ARVALIS – Institut du végétal)