Le délai d’utilisation des herbicides à base d’ioxynil se termine fin décembre, ce qui laisse encore la possibilité de les intégrer dans les programmes de désherbage des céréales pour cet automne. Mais pour après, quelles seront les alternatives possibles ?
Les spécialités concernées, assez nombreuses et essentiellement des antidicotylédones, étaient appliquées à l’automne ou en sortie d’hiver, comme par exemple : Brennus Plus, Chamois, Foxpro D+, Mextra…
Le ioxynil n’était jamais utilisé seul. Son action était complémentaire des mécoprop (MCPP-P), du diflufénicanil (DFF)… en renforçant les efficacités sur bleuet, coquelicot, crucifères, fumeterre, lamiers, matricaires, stellaire, véroniques et renouées.
Son retrait risque donc de favoriser l’émergence de ces adventices ou d’en limiter le contrôle. Autre conséquence, moins visible dans l’immédiat : la perte d’une substance active d’un groupe de mode d’action peu représenté (le groupe C3). Ce qui limite de facto les possibilités de rotation de mode d’action et la prévention d’apparition des populations d’adventices résistantes.
La recherche d’alternatives, tout aussi efficaces, est donc nécessaire.
Des alternatives à l’automne ?
A ce jour et sur cette flore, peu de solutions émergent autres que le groupe B (sulfonylurées notamment).
Certains produits en cours d’homologation remplaceront à termes certains des produits retirés (bromoxynil + DFF ; bifénox + MCPP-P…). Mais il n’est pas prévu que ces spécialités soient commercialisées pendant la campagne 2015-2016.
Il est donc nécessaire de composer avec l’existant et de pallier ce retrait avec des mélanges. Bien entendu, les sulfonylurées permettront de répondre aux problèmes techniques mais, dans un contexte de développement des coquelicots résistants par exemple, d’autres solutions peuvent être associées avec les sulfonylurées afin de compléter le spectre.
Employer des antigraminées efficaces sur dicotylédones
La première des alternatives est de se baser sur une application dès l’automne. Les produits antigraminées utilisés à l’automne (Fosburi, Trooper, Quartz GT, Legacy Duo, Constel…) ont un spectre dicotylédones très intéressant, variable, bien sûr, en fonction des produits. Ainsi, sur pensées, véroniques, coquelicots, stellaires et crucifères, il est possible d’avoir un excellent contrôle.
Par ailleurs, si l’application d’automne est réalisée en programme (prélevée puis postlevée précoce), il ne restera que quelques adventices à contrôler en sortie d’hiver comme les gaillets, les vivaces (chardon, rumex) et éventuellement des ombellifères (anthrisque…).
Ou encore…
Si un tel programme n’est pas réalisé, il existe quelques solutions d’automne :
– Alliance WG et similaires (association de metsulfuron et DFF).
– Les bases carfentrazone, pour lutter contre les véroniques (Platform 40WG, Allié Express).
– Les bases picolinafen (Picosolo).
– Les bases sufonylurées seules ou associées (Allié Star SX, Ergon).
– Les bases isoxaben (Cent 7, Hauban).
Ne pas oublier le ioxynil jusqu’au 31 décembre !
L’utilisation étant autorisée jusqu’au 31 décembre 2015, il sera encore possible cet automne d’appliquer Brennus plus / Chamois / Foxpro D+ voire Mextra si le stade est avancé et les températures sont douces.
Et en sortie d’hiver ?
En sortie d’hiver, les renforts seront à aller chercher notamment sur coquelicots et véroniques essentiellement (si aucun traitement d’automne n’a été réalisé).
Picotop à 1,3 l sera une base sur ces deux adventices, qu’il faut compléter toutefois en cas de fortes infestations, avec Canopia par exemple pour une population de coquelicots.
Les bases « auxiniques » seront une solution pour les rattrapages coquelicot (Duplosan Super, Mexol, Metiss).
Et il sera possible de recourir aux herbicides à base de sulfonylurées (ou florasulame), tels que Bastion / Kart pour les situations gaillet + coquelicot + matricaire ; ou à base de thifensulfuron, pour les véroniques récalcitrantes.
Ludovic BONIN, Lise GAUTELLIER VIZIOZ (ARVALIS – Institut du végétal)