Pour lutter efficacement contre les maladies des orges d’hiver et escourgeons, des mesures agronomiques peuvent venir compléter la lutte chimique. La prise en compte de certaines données parcellaires (gestion des résidus, rotation, variété…) permet de limiter l’impact de certains pathogènes et ainsi d’alléger l’utilisation de fongicides. Ces pratiques interviennent généralement en amont de l’apparition des maladies.
Des méthodes de lutte à l’efficacité variables selon la maladie
La figure 1 permet de situer l’importance relative de la lutte agronomique et génétique au regard de la lutte chimique pour lutter contre les principales maladies des orges.
Figure 1 : Efficacité actuelle des différentes méthodes de lutte disponibles
Efficacité : +++ Forte, ++ Moyenne, + Faible, (+) Faible à confirmer, = Sans incidence
(1) Les maladies sont sensibles à l’interaction entre le travail du sol et les précédents, la gestion des résidus de culture ou des repousses, la date et la densité de semis, la fertilisation azotée…
* À ce jour, il n’existe pas de produit homologué sur orge.
Des leviers agronomiques multiples
Miser sur les successions de cultures
Pour la plupart des maladies, une rotation de plus de deux ans sans plante hôte limite le développement du champignon. Les résidus du précédent sont généralement sources d’inoculum pour l’année à suivre. Diversifier les cultures permet donc de créer une rupture dans le cycle du pathogène provoquant la perte de viabilité du champignon.
Travailler le sol après récolte
Les résidus de culture peuvent être contaminés par certains pathogènes et leur maintien sur le sol facilite la conservation de l’inoculum pendant l’hiver. Le travail du sol après récolte limite donc le développement de certaines maladies comme la fusariose.
Optimiser le choix des variétés
Le choix variétal est le premier levier d’action sur la pression parasitaire. En effet, les variétés n’ont pas toutes la même résistance face aux pathogènes. Certaines bénéficient d’un bon indice de résistance qui, dans certains cas, suffit pour faire l’impasse sur toute ou partie du programme de protection fongicide.
Raisonner la densité de semis…
Plus un semis sera dense, plus les conditions du milieu seront favorables aux maladies : développement important du couvert facilitant la propagation de certains pathogènes et maintien d’une hygrométrie favorisant la sporulation. A l’inverse, les très faibles densités peuvent limiter la pression des maladies, mais aussi affecter le rendement. Un compromis est donc à trouver.
… et la date de semis
Plus un semis est précoce, plus la culture est exposée tôt aux différents cycles de multiplication du pathogène. Pour éviter de faire coïncider les périodes à risques climatiques avec celles où la plante est sensible, on peut jouer sur la date de semis.
Limiter la profondeur de semis
Un semis trop profond prolonge l’exposition de la culture à l’agent pathogène et demande plus d’énergie à la plante pour atteindre la surface du sol, ce qui affaiblit la plante et la rend plus vulnérable envers les maladies.
La fertilisation azotée
Une forte dose d’azote susciterait une végétation dense et luxuriante entraînant une augmentation des conditions d’humidité à l’intérieur de la culture, favorable à la sporulation du pathogène, à la dispersion des spores et à l’infestation elle-même.
Opter pour un mélange variétal
Un mélange de variétés permet de freiner la propagation des maladies ayant une dispersion aérienne.
La figure 2 permet d’évaluer l’impact de chaque décision technique sur la pression des principales maladies des orges. Chaque maladie ayant son propre développement, les réponses prophylactiques les plus adaptées ne sont pas les mêmes selon les pathogènes.
Figure 2 : Incidence des techniques culturales sur le développement des maladies(1)
+++ Techniques culturales entraînant une forte baisse de la pression parasitaire
++ Techniques culturales ayant un effet moyen sur la baisse de la pression parasitaire
+ Techniques culturales ayant un faible effet sur la baisse de la pression parasitaire
= Techniques culturales n’ayant pas d’effet sur la pression parasitaire
– Techniques culturales entraînant une augmentation de la pression parasitaire
* Absence d’information sur l’incidence des techniques culturales sur la pression parasitaire
(1) Ce tableau résulte d’une recherche bibliographique qui avait pour but de réaliser un état des lieux des connaissances sur les mesures prophylactiques à mettre en œuvre sur des orges en vue de réduire la pression des maladies. Chaque case donne une indication sur l’incidence des techniques culturales mises en œuvre sur la pression des maladies, mais attention, ces indications proviennent d’un nombre restreint d’études qui ont été faites principalement à l’étranger (Canada, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande…). Des biais sont donc à prendre en compte et tous les propos sont à mesurer.
Luc PELCE (ARVALIS – Institut du végétal)