Dans les situations les plus délicates d’un point de vue gestion des graminées, les programmes d’automne – avec interventions en prélevée puis postlevée précoce – sont incontournables. Présentation des derniers résultats d’essais.
Ces stratégies tout automne ont certains inconvénients dont, entre autres, le coût et l’impact sur l’indice de fréquence de traitement (IFT). Toutefois, en présence de populations de graminées résistantes aux inhibiteurs de l’ALS et de l’ACCase, elles sont les seules envisageables en culture. Dans ces situations très délicates un recours aux leviers agronomiques est primordial.
Plus de 90 % d’efficacité dans ces programmes
Les résultats des programmes tout automne peuvent être comparés à ceux obtenus dans les essais de prélevée et de postlevée – puisqu’il s’agissait des mêmes lieux.
Ainsi, les programmes d’automne sont très performants, avec 94 % d’efficacité moyenne et présentent une très bonne régularité (à l’exception de Saint Hilaire, où les conditions de désherbage étaient défavorables).
Leurs niveaux dépassent de 20 points en moyenne ceux des applications réalisées en prélevée ou postlevée précoce seules. En revanche, leur coût s’avère très élevé et les possibilités de réajustement de programme sont limitées, voire impossible surtout si les inhibiteurs de l’ACCase ou de l’ALS ne fonctionnent plus.
Figure 1 : Comparatif de l’efficacité des applications en programme d’automne (prélevée puis 1-2 F) avec des traitements en prélevée ou post-levée seuls (7 essais vulpin 2014-2015) – Prix d’ordre indicatif
Deux programmes se démarquent par une meilleure régularité : « Mamut + Trooper puis Herbaflex + Roxy 800 EC » et « Matara + Prowl 400 puis Daiko + Fosburi + Huile ». Attention toutefois pour cette dernière modalité : alors que la dose forte semble en toute logique la plus efficace -ce qui a été le cas sur la large majorité des sites- on a observé un effet dose inverse à Saint Hilaire.
D’un point de vue sélectivité, ces modalités restent plus agressives 14 jours après le traitement voire en sortie d’hiver : les notes de phytotoxicité atteignent ainsi 3,7/10 maximum, le seuil d’acceptabilité étant fixé à 3. Toutefois, plus rien n’est perceptible à la récolte. En situations très infestées, c’est un risque à prendre si l’on souhaite préserver le potentiel de la culture.
Comme pour toutes associations de racinaires, les conditions de semis et/ou les conditions climatiques sont primordiales pour limitées les risques de phytotoxicités. Ainsi, le semis doit être régulier et les grains bien enterrés. Les faibles pluies ne posent pas de problèmes majeurs. En revanche, les forts abats d’eau ainsi que les chutes brutales de température peuvent accentuer les phytotoxicités.
Privilégier les associations d’herbicides
La synthèse des essais des deux dernières campagnes confirment ces résultats : les programmes d’automne montrent des efficacités supérieures aux applications de prélevée ou de post-levée précoce seules, mais surtout, ils sont plus réguliers. Cette constance est liée à deux bases solides : le recours à une association de produits en prélevée, et également en postlevée précoce. La régularité est en effet légèrement moins bonne en limitant les mélanges, comme par exemple en appliquant Fosburi seul en postlevée précoce.
Ludovic BONIN, Lise GAUTELLIER VIZIOZ (ARVALIS – Institut du végétal)